Après des mois et des semaines de confrontation entre le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, et les ordres des avocats concernant la loi sur la profession, le responsable gouvernemental a profité de sa présence à la séance d’ouverture de leur conférence à Tanger pour présenter des excuses franches aux porteurs de la robe noire, estimant qu’il en fait partie et qu’elle représente l’avenir pour lui.
Ouahbi a déclaré dans un discours émotionnel devant des centaines d’avocats à Tanger, jeudi soir : « Si j’ai un jour commis une erreur à votre égard, je m’en excuse », ajoutant : « Toutes les confrontations qui ont eu lieu et auront lieu à l’avenir ne m’ont pas et ne m’affecteront pas pour une raison simple : je suis des vôtres et de votre famille ; la responsabilité et la politique sont une phase, mais l’avocat est une permanence. »
Il a poursuivi en s’adressant aux congressistes : « Mes collègues avocats, peut-être ne réalisez-vous pas le poids de ce moment sur mon cœur, car vous êtes de moi et je suis de vous, et lorsque nous sommes en désaccord, chacun plaide pour son client. Il y a le gouvernement, et il y a les libertés et les droits. »
Le ministre a également expliqué : « J’ai appris de vous et de mes bâtonniers à ne pas céder et à être incisif dans la plaidoirie, et ce que j’ai appris en termes de comportement et d’éthique continue avec moi au ministère, et vous devez me supporter, car c’est vous qui m’avez appris à résister dans les débats. »
Le responsable gouvernemental ne s’est pas arrêté là dans son adresse aux avocats, déclarant : « J’attends de vous rencontrer depuis un moment et je n’ai pas beaucoup parlé. Vous avez manifesté contre moi et m’avez débattu, et c’est tout à fait naturel, sinon vous ne seriez pas des avocats », soulignant que la profession d’avocat fait face à des défis qu’il a qualifiés de « très importants ».
Le ministre de la Justice a poursuivi en disant : « Je sais que vous êtes actuellement préoccupés par la question de la loi sur la profession, alors soyez assurés que lorsque je rédige la loi sur la profession, je ne la rédige pas pour les avocats… je la rédige d’abord et avant tout pour moi-même en tant qu’avocat, puis pour les avocats », estimant que la réforme de la justice au Maroc « ne peut se faire qu’en revoyant la réforme de la profession d’avocat, en élargissant ses domaines de compétence et en renforçant son immunité ».
Ouahbi a également affirmé être convaincu que les conditions d’un procès équitable ne peuvent être réunies que si l’accusé est protégé et que toutes les conditions pour son procès sont réunies, soulignant que ces conditions ne peuvent être assurées que par l’avocat.
Le même responsable gouvernemental a indiqué que le débat n’était pas du tout facile concernant la loi sur la profession d’avocat, car il a rassemblé différentes institutions de l’État, affirmant que tout le monde était soucieux de l’intérêt de la profession d’avocat et des avocats.
Il a également déclaré : « Nous sommes sur le point d’entrer dans un nouveau monde avec de nouveaux défis. Certains pays que j’ai visités envisagent un avocat robotique et préparent le juge robot, et la présence humaine est sous la pression de la machine qui peut le juger », ajoutant : « Mais vous avez été mandatés par l’État pour garantir les conditions d’un procès équitable et plaider en faveur des citoyens. »
Ouahbi a précisé : « Tant que vous jouez ce rôle, vous êtes une partie intégrante de l’État et non en dehors de celui-ci », estimant que l’indépendance de la profession d’avocat « ne signifie jamais que vous êtes en dehors de l’État, car l’indépendance de la profession d’avocat dans la pratique et le travail vous rend encore plus partie de l’État ».
Le ministre a ajouté dans un message non dénué de connotations politiques : « Par conséquent, l’État doit considérer l’avocat comme une partie de lui et non en dehors de lui », poursuivant : « L’organisation des avocats a une longue histoire dans ses positions nationales, sur la question palestinienne et toutes les causes justes. Vous avez toujours été présents et constituez une force politique essentielle dans la pensée humaine marocaine, ainsi que dans l’éthique politique nationale. »
