Dans un moment hautement symbolique, Rabat a accueilli le 14 mai 2025, Doto Mashaka Biteko, vice-Premier ministre et ministre de l’Énergie de Tanzanie, à la tête d’une importante délégation, dans le cadre d’une coopération bilatérale en pleine expansion. Cette rencontre s’inscrit dans la stratégie du Maroc visant à renforcer sa présence en Afrique à travers des projets d’intégration énergétique Sud-Sud.
La ministre marocaine de la Transition énergétique et du Développement durable, Leila Benali, a réitéré l’engagement du Royaume à accompagner la Tanzanie dans sa transition énergétique, en s’appuyant sur son expertise dans les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique.
Mais une question se pose :
La Tanzanie dispose-t-elle des structures institutionnelles et techniques nécessaires pour concrétiser cette coopération ? Ou bien existe-t-il un décalage entre les ambitions et la réalité sur le terrain ?
L’accord de Dar es Salaam en suspens ?
Le responsable tanzanien a rappelé la visite historique du Roi Mohammed VI à Dar es Salaam en 2016, évoquant « un tournant décisif » dans la relation bilatérale. Pourtant, les appels à « l’activation des accords » signés à cette époque soulèvent des questions :
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Quels accords n’ont pas encore été mis en œuvre ?
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Quels obstacles freinent leur application ?
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Sommes-nous face à un problème de suivi ou à un manque d’alignement stratégique ?
L’appel aux partenariats innovants : vers une implication réelle du secteur privé ?
La volonté de renforcer les partenariats public-privé traduit une reconnaissance claire des limites du financement public. Le Maroc peut-il devenir un catalyseur pour l’introduction de modèles de gouvernance énergétique africains ? La réponse dépendra de sa capacité à partager savoir-faire et technologie de manière équitable.
Une lecture géopolitique : L’Afrique entre rivalités globales et alternatives régionales
Dans un contexte où les grandes puissances rivalisent d’influence sur le continent africain, le Maroc tente de se positionner comme un acteur africain de référence, capable de proposer un modèle alternatif aux logiques néocoloniales. Reste à savoir si ce modèle saura conjuguer ambition politique, équité économique et souveraineté énergétique.
Conclusion : Vers une stratégie énergétique commune ou un simple affichage diplomatique ?
Le partenariat énergétique maroco-tanzanien a le potentiel d’être un laboratoire pour la coopération Sud-Sud. Mais pour cela, il doit s’ancrer dans le concret : projets, financements, suivi, et surtout transparence. Car sans cela, il risque de n’être qu’une belle promesse de plus dans le ciel déjà chargé de la coopération africaine.