De député à stratège discret dans la bataille des élections 2026
Dans le monde politique, les rôles sont souvent perçus en surface, mais la scène marocaine révèle clairement que certains œuvrent dans l’ombre, tissant leurs réseaux, préparant leurs bases et gérant les opérations politiques avec une grande habileté.
Le ministre Mohamed Oujar est un exemple vivant de ce rôle, négligé dans le récent rapport de GR Akhannouch Jeune Afrique, qui l’a présenté comme un symbole du passé et une figure de l’ombre, occultant ainsi la profondeur de son expérience et de son influence.
1. Un parcours politique profond : expérience parlementaire et exécutive solide
Il convient d’abord de rectifier l’image donnée par le rapport, puisque Oujar a été député élu dans la circonscription de Hay Mohammadi à Rabat de 2002 à 2007, lui conférant une légitimité représentative réelle et une expérience législative qui contraste avec l’image d’une figure marginale ou dépassée.
En outre, il a occupé le poste de ministre des droits de l’Homme dans le gouvernement d’alternance, une responsabilité sensible témoignant de sa capacité à gérer des questions de gouvernance et des droits fondamentaux, ce qui souligne son équilibre entre fonctions exécutives et engagement politique.
Un parlementaire expérimenté du Rassemblement National des Indépendants (RNI) souligne :
« Mohamed Oujar n’est pas seulement un pilier essentiel de notre parti, il est le cerveau discret qui tisse habilement nos alliances et prépare nos bases sur le terrain. Son rôle stratégique n’est pas moins important qu’un poste officiel. »
2. Une dimension internationale : une voix africaine marocaine sur la scène mondiale
Le rapport a négligé les rôles internationaux joués par Oujar, pourtant essentiels pour évaluer son influence. Il a été élu représentant de l’Afrique à l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), un poste qui témoigne de la confiance du continent dans ses capacités.
Il a également coordonné le groupe africain à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à Genève, où sont discutées des questions cruciales de libre-échange et de développement économique, renforçant son implication dans des enjeux stratégiques au-delà des frontières nationales.
Dr Leila Ben Hamd, experte en relations internationales, affirme :
« L’élection d’Oujar comme représentant de l’Afrique à l’OIM et coordinateur du groupe africain à l’OMC reflète une reconnaissance internationale de ses compétences, lui ouvrant de larges perspectives dans la diplomatie marocaine. »
3. Construction stratégique locale : la colonne vertébrale du parti dans la région de l’Oriental
À l’approche des élections de 2026, les partis marocains se préparent intensément, mais le RNI bénéficie d’un avantage unique grâce à sa stratégie dans la région de l’Oriental, qui revêt une importance géographique et politique particulière.
C’est ici que le rôle crucial de Mohamed Oujar se manifeste, dirigeant des réseaux organisationnels profonds et coordonnant des bataillons électoraux, ce qui fait de lui le véritable « directeur des opérations » dans cette zone.
Son travail dépasse la simple coordination électorale, englobant la construction de nouvelles élites locales, la restauration de la stature du parti, et le renforcement des relations avec les acteurs politiques et sociaux régionaux.
Un cadre d’un parti d’opposition souligne :
« Oujar est l’une des personnalités incontournables de la scène politique marocaine, très habile dans ses mouvements et doté d’un solide réseau, particulièrement dans la région de l’Oriental, ce qui fait du RNI un concurrent redoutable dans ces zones. »
4. Intelligence politique : mouvements calculés et messages codés
Son intervention en janvier 2025 sur la chaîne officielle SNRT, critiquant la performance de certains ministres du parti Authenticité et Modernité (PAM), a provoqué une fracture au sein de la majorité gouvernementale. Cette démarche n’était pas fortuite, mais faisait partie d’une stratégie savamment élaborée, où Oujar sert de porte-voix du parti pour exprimer des souhaits et avertissements sans exposer directement le président.
Ces mouvements démontrent qu’Oujar est un acteur tactique clé, équilibrant la construction des bases du parti et la gestion des alliances, utilisé comme un levier politique astucieux dans la configuration des coalitions.
Dr Fouad El Amri, analyste politique et conseiller stratégique, note :
« En politique, ce n’est pas seulement celui qui parle fort qui compte, mais celui qui dirige le jeu en coulisses. Mohamed Oujar est un rare exemple de politique combinant expérience parlementaire, administrative et internationale, qu’il transforme en une force organisationnelle efficace. »
5. Perspectives futures : un acteur clé des élections de 2026 et au-delà
À l’approche des élections législatives de 2026, le rôle d’Oujar deviendra plus visible et décisif, notamment en cas de tensions ou de réajustements au sein de la coalition gouvernementale.
Son expérience étendue et ses solides relations locales et internationales pourraient le positionner comme un leader clé du parti ou du gouvernement, appelé à assumer des fonctions exécutives ou stratégiques plus importantes pour maintenir l’équilibre politique.
Conclusion
Mohamed Oujar est bien plus qu’une figure de l’ombre ou un « symbole du passé ». C’est un homme politique à l’expérience riche et diverse, alliant parlementarisme, fonctions exécutives et engagements internationaux, tout en jouant un rôle stratégique fondamental au niveau local, notamment dans la région de l’Oriental. Son contrôle des réseaux politiques et ses mouvements avisés dans la coalition gouvernementale font de lui un acteur incontournable des dynamiques politiques marocaines, particulièrement à l’aube des échéances électorales cruciales.
Une lecture attentive de son parcours et de ses multiples rôles est essentielle pour comprendre le paysage politique marocain actuel et anticiper ses évolutions.