À l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, l’organisation Reporters sans frontières (RSF) a lancé un cri d’alarme, exprimant sa profonde inquiétude face au recul croissant de la liberté de la presse dans le monde. Cette liberté, pilier fondamental des sociétés démocratiques, est aujourd’hui « plus menacée que jamais », alerte l’ONG dans son message accompagnant le Classement mondial de la liberté de la presse 2025.
Ce classement révèle un effondrement dramatique de l’indicateur économique, soulignant la précarité financière alarmante des médias indépendants. Ces derniers peinent à résister à la censure, à la désinformation, et aux attaques ciblées allant de l’intimidation à l’assassinat. La liberté de la presse est ainsi étranglée, non seulement par la répression politique, mais aussi par l’asphyxie économique.
Les journalistes : cibles des conflits modernes ?
Le rapport met en lumière une question cruciale : dans les zones de guerre, le journaliste est-il devenu une cible légitime ? RSF affirme qu’elle ne se contente plus de documenter les abus, mais intervient désormais directement sur le terrain pour protéger les journalistes menacés. Une évolution qui traduit l’ampleur du danger.
Le paradoxe : la résistance passe-t-elle par les dons ?
Dans un geste à la fois symbolique et stratégique, RSF appelle à la solidarité mondiale à travers des dons. Elle qualifie cet acte de « résistance », soulignant qu’en soutenant financièrement la défense du journalisme libre, chaque citoyen peut contribuer à la lutte contre l’obscurantisme médiatique.
Un contexte mondial inquiétant : l’ombre des autoritarismes
Cette mobilisation intervient dans un climat global marqué par la montée des régimes autoritaires et des tensions géopolitiques, où l’information devient un champ de bataille. Même les grandes démocraties ne sont pas épargnées, leurs systèmes médiatiques étant fragilisés par la polarisation, les intérêts économiques et les dérives populistes. La presse libre se retrouve ainsi acculée dans un monde où la vérité dérange de plus en plus.
Alors que faire ?
Qui surveille encore la liberté de la presse ? Et les dons suffiront-ils à freiner son érosion ?
Maghreb : entre discours réformiste et réalités répressives
Dans l’espace maghrébin, la liberté de la presse se débat entre intentions déclarées et pratiques restrictives. Au Maroc, malgré une marge d’expression relativement plus large que dans certains pays voisins, les journalistes font face à des pressions croissantes, à travers des poursuites judiciaires, du harcèlement ou des campagnes de diffamation. En Algérie, la situation est plus sévère : depuis le Hirak, la presse est considérée comme une menace sécuritaire. En Tunisie, les espoirs post-révolutionnaires s’effritent sous les coups d’un retour autoritaire.
Cette réalité interpelle :
Assiste-t-on à un enracinement de la liberté de la presse comme fondement démocratique ? Ou à son démantèlement méthodique sous prétexte de stabilité et de souveraineté nationale ?
Dans un contexte régional traversé par des crises, des ingérences étrangères et une méfiance grandissante entre citoyens et institutions, le besoin d’un journalisme professionnel, libre et crédible devient plus qu’un enjeu de droits humains : un impératif stratégique.
