mercredi, juillet 9, 2025
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Lecture déconstructive et analytique de l’article de Younes Meskini sur la finale de la Coupe du Trône et les dynamiques croisées au Maroc

Chez Maghreb Alaan, nous abordons les textes journalistiques non pas comme des opinions personnelles, mais comme des matériaux d’analyse révélateurs de courants de pensée, de signaux symboliques et d’échos d’alignements dans un paysage où le sens est souvent brouillé. Ainsi, nous lisons aujourd’hui l’article de Younes Meskini non pour le juger, mais pour en décomposer la structure, dégager ce qui est dit, ce qui est sous-entendu, et ce qui mérite clarification.

1. Une structure narrative construite autour de la « résistance »

L’article s’articule autour d’une idée principale : il rassemble des manifestations très différentes de ce qu’il appelle des « résistances » à la régression : un concert de rap, un boycott universitaire, un match de football. Le tout est présenté comme un faisceau d’énergies populaires qui refusent la médiocrité.

Ce choix narratif est tout sauf neutre. Il impose une grille d’interprétation subjective, qui désigne implicitement les centres de pouvoir comme adversaires de ces « actes de vie ». Un tissage poétique, certes, mais qui généralise et idéalise des réalités distinctes.

2. La victoire d’Asfi : simple exploit sportif ou allégorie politique ?

Lorsque l’auteur affirme que la Renaissance de Berkane est perçue comme le bras sportif de Fouzi Lekjaa, et que la victoire d’Asfi symbolise la victoire de la périphérie contre le pouvoir, il quitte le domaine du sport pour entrer dans celui de la rhétorique politique.

Or cette lecture symbolique soulève plusieurs questions :

  • Cette association entre un club et un responsable politique est-elle fondée sur des faits ou sur une perception médiatique ?
  • Le fait de projeter une lecture centre/périphérie sur chaque résultat sportif est-il pertinent ou excessif ?

3. Concert de Toto et boycott universitaire : juxtaposition discutable

Mettre sur un même plan un concert polémique et un refus d’académiques à collaborer avec des Israéliens, c’est vouloir unifier sous une même bannière des actions qui répondent à des logiques radicalement différentes :

  • L’une relève de la liberté culturelle individuelle.
  • L’autre d’une posture politique assumée.

Cette fusion symbolique affaiblit, à notre avis, le sens profond du terme « résistance ».

4. Politique : chronique d’une agitation sans impact ?

L’article cite plusieurs figures politiques — Benkirane, Lachgar, Benabdallah — comme autant de voix diverses qui illustreraient la vitalité démocratique marocaine. Mais cette lecture ne questionne pas :

  • L’efficacité concrète de ces discours.
  • Leur portée sur les politiques publiques.

L’émergence de voix dissonantes suffit-elle à conclure à l’existence d’un débat national ?

5. Ce qui est tu

  • La victoire d’Asfi est présentée comme un soulèvement symbolique, mais on ne parle pas de la structure sportive elle-même.
  • Le lien entre « pouvoir » et « victoire » est avancé sans éléments probants.
  • L’idéalisation du rôle des artistes ou militants masque les limites structurelles des institutions marocaines.

6. Entre intention et fonction : la presse comme outil d’interprétation

L’article est bien écrit, fluide, poétique. Mais il n’est pas neutre. Il prend parti pour une vision du Maroc qui valorise l’expression populaire, mais qui reste dans le domaine du symbolique et du ressenti.

C’est pourquoi, à Maroc Maintenant, nous pensons qu’il est essentiel d’interroger ce genre d’écriture : pour qui parle-t-on ? Dans quel but ? Et au nom de quoi idealise-t-on certaines figures ou situations ?

Conclusion : L’article de Younes Meskini est une chronique lyrique et engagée. Il reflète un besoin d’espoir, de sens, de vie. Mais en tant qu’analyse, il reste partiel, et tend à esthétiser des tensions profondes sans les analyser en profondeur. D’où notre devoir, en tant que média critique, de le compléter par des lectures déconstructives, éclairantes, et débarrassées de l’effet rhétorique.

Car la presse, en démocratie, ne doit pas seulement raconter des récits : elle doit aussi questionner les formes du pouvoir, même les plus poétiques.

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