Dans un discours qui a suscité une large controverse à l’occasion de la Fête du Travail, le secrétaire général du Parti de la Justice et du Développement (PJD), Abdelilah Benkirane, a violemment attaqué le gouvernement d’Aziz Akhannouch, le qualifiant d’« échec », tout en accusant le parti du Rassemblement National des Indépendants (RNI) de manipulation électorale.
Ces déclarations ont été faites lors d’un discours prononcé devant le syndicat de l’Union Nationale du Travail au Maroc à Casablanca, où Benkirane a mêlé critique politique et mise en garde contre une « répétition de l’erreur » lors des élections de 2026.
Quelles sont les dimensions de ces propos ? Reflètent-ils une crise plus profonde au sein de la scène politique marocaine ?
Mais s’agissait-il simplement d’une sortie oratoire destinée à mobiliser les foules, ou bien d’un signe d’un retour imminent du jeu politique vers une logique d’affrontement et de reddition de comptes ?
Benkirane : Le gouvernement a échoué… mais où est l’alternative ?
Dans ce discours depuis la tribune de l’Union Nationale du Travail au Maroc à Casablanca, Benkirane n’a pas hésité à démolir le récit gouvernemental autour de « l’État social », qualifiant ce slogan de « masque séduisant » sans traduction réelle sur le terrain. Il a affirmé que les réalisations dans les domaines de l’éducation, de la santé et de l’emploi sont « insignifiantes ».
Une question fondamentale se pose ici :Les critiques suffisent-elles à prouver l’échec du gouvernement, ou bien l’opposition est-elle tenue de proposer des alternatives concrètes ?
Et si le PJD se positionne comme un adversaire politique crédible, où est donc sa feuille de route pour sauver ce qui peut l’être ?
Sur l’« achat de voix » et la « peur de l’autorité » : la confiance dans les urnes est-elle morte ?
Benkirane a lancé une accusation grave en suggérant que le RNI a acheté les voix des électeurs avec de l’argent, et a profité de la peur de l’autorité pour influencer le vote.
Si cela s’avère vrai, la question la plus critique est la suivante :Les élections sont-elles devenues un mécanisme de recyclage du pouvoir financier et autoritaire ?
Et le citoyen marocain dispose-t-il encore d’un véritable pouvoir de choix ?
De telles déclarations ravivent un débat qui s’était estompé sur la transparence du processus électoral, dans un contexte où l’abstention est en hausse.
Cela redessine-t-il les contours d’une confrontation politique à venir avant 2026 ?
Projet de dessalement à Casablanca : conflit d’intérêts ou agitation politique ?
Parmi les dossiers soulevés par Benkirane figure celui du projet de dessalement de l’eau de mer à Casablanca, attribué à une entreprise liée à Akhannouch.
Bien que ce dernier ait annoncé s’être retiré de la gestion quotidienne de ses sociétés, Benkirane affirme que « tout le monde sait qu’elles sont encore les siennes ».
Alors la question se pose :S’agit-il d’un véritable conflit d’intérêts ou d’un simple discours populiste exploitant le poids économique symbolique d’Akhannouch ?
Et en l’absence d’un audit financier et judiciaire indépendant, comment le citoyen ordinaire peut-il distinguer le vrai de l’interprétation ?
Des indicateurs socio-économiques préoccupants… mais à qui la faute ?
Dans sa critique des promesses non tenues du gouvernement, Benkirane s’est appuyé sur des chiffres alarmants :
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Plus de 1,6 million de chômeurs
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Un taux de chômage supérieur à 13 %
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Échec dans la création d’un million d’emplois nets
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Non-sortie d’un million de familles de la pauvreté, comme promis
À cela s’ajoute l’échec dans la mise en œuvre de la promesse du « Revenu de dignité » pour les plus de 65 ans, ainsi que l’absence de revalorisation des salaires des enseignants comme convenu, ce qui a alimenté les mouvements de protestation sociale.
Mais au cœur de ces critiques, des questions légitimes émergent :Akhannouch est-il seul responsable de ces échecs, ou bien une part de la responsabilité revient-elle à l’héritage des gouvernements précédents ?
Et l’opposition, notamment le PJD, peut-elle convaincre qu’elle incarne l’alternative — et non un simple commentateur externe ?
2026 à l’horizon… Les Marocains réévalueront-ils leurs choix ?
Benkirane a conclu son discours par un message direct au peuple marocain :
« Ne tombez pas de nouveau dans le piège en 2026 »
Un message qui porte en lui un avertissement clair contre la répétition de ce qu’il qualifie de « vote basé sur la peur ou la séduction financière ».
Mais la question la plus sensible demeure :Le citoyen marocain fait-il encore confiance à l’ensemble de la classe politique ?