jeudi, juillet 3, 2025
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Quand l’Etat parle en silence : cinq ans pour Boudrika… Le temps de la reddition des comptes a-t-il commencé ?

Dans un calme absolu, sans tapage médiatique ni rumeurs politiques, la justice marocaine a condamné Mohammed Boudrika, ancien président du Raja de Casablanca et ex-parlementaire du RNI, à cinq ans de prison ferme, assortis d’une amende de plus de 650.000 dirhams, et d’une interdiction d’émettre des chèques pendant une année. Le dossier comprend de lourdes accusations : émission de chèques sans provision, escroquerie, falsification de documents privés et usage frauduleux de pièces administratives.

Bien que Boudrika ait nié les faits, en affirmant qu’aucune expertise sur les documents n’avait été réalisée, le verdict est tombé, fruit d’une procédure qui a débuté par son arrestation à l’aéroport de Hambourg en juillet 2024, sur mandat d’arrêt européen, et son extradition ultérieure vers le Maroc.

Boudrika : ascension sportive, chute politique

L’itinéraire de Boudrika est emblématique de ces figures qui passent rapidement du monde du sport à la politique. Propulsé sur le devant de la scène grâce à sa présidence du Raja, il obtient un mandat de parlementaire et accède à la présidence de l’arrondissement de Mers Sultan à Casablanca. Mais cette trajectoire sera de courte durée : absent à ses fonctions, rattrapé par des affaires judiciaires, il sera destitué, puis poursuivi.

L’Etat punit-il enfin les puissants ?

Ce jugement a valeur de test. Car il vise une personnalité politique et sportive bien insérée dans les réseaux d’influence. En cela, il pourrait marquer une inflexion. Non pas une révolution judiciaire, mais l’affirmation que l’Etat peut choisir d’agir, sans bruit, pour rétablir un minimum de crédit institutionnel. L’absence de communication politique autour de cette affaire est, en soi, un signal : celui d’une fermeté silencieuse.

Un symbole plus qu’un tournant ?

La scène de son arrestation en Allemagne, suivie d’une extradition et d’un jugement ferme, dessine une « rupture symbolique » avec un passé récent où certains se pensaient à l’abri de toute poursuite. Mais peut-on y voir une nouvelle doctrine judiciaire ? Ou s’agit-il simplement d’un cas isolé ?

D’autres affaires, impliquant des élus ou dirigeants accusés de corruption, seront-elles traitées avec la même rigueur ? La justice agira-t-elle avec le même sang-froid face à d’autres figures controversées, au-delà de l’effet d’exemple ?

A « Maroc Maintenant », nous ne jugeons pas les personnes, mais les signaux

Nous ne nous réjouissons pas de la chute d’un homme, mais nous interrogeons les dynamiques qu’elle révèle. L’affaire Boudrika, par son traitement judiciaire discret mais ferme, montre que l’Etat peut faire parler la loi, sans bruit, mais avec efficacité.

La véritable question reste : est-ce le début d’une nouvelle ère où les responsabilités seront liées systématiquement à la reddition des comptes ? Ou est-ce un coup politique ponctuel, né d’une conjoncture ?

Quoi qu’il en soit, ce jugement renvoie chacun à ses propres responsabilités. Aux élus, aux gestionnaires, aux sportifs… mais aussi aux journalistes, aux citoyens, et à ceux qui observent, qui doivent continuer de poser les bonnes questions.

Car, parfois, quand l’Etat parle en silence, il faut savoir l’écouter autrement.

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