Dans un discours prononcé par le chef du gouvernement marocain Aziz Akhannouch, lundi dans la ville espagnole de Séville, lors de sa participation à la 4e conférence internationale sur le financement du développement, le discours officiel est apparu chargé de grands slogans sur la réforme, la justice et le développement global, sans toutefois apporter de réponses claires aux questions essentielles que le roi Mohammed VI lui-même continue de poser, notamment : Où sont les richesses ? Et pourquoi ne se reflètent-elles pas dans la vie des citoyens ?
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L’État à revenu moyen… mais où est l’impact ?
Le Maroc est classé, selon les propos du chef du gouvernement, parmi les pays à « revenu moyen », un classement économique technique dans les rapports des institutions internationales, mais qui ne reflète pas la réalité quotidienne des millions de citoyens vivant sous la pression de la cherté de la vie, de la baisse du pouvoir d’achat et de l’effondrement des services publics.
Sommes-nous vraiment dans la catégorie des pays « moyens » ou ce classement est-il utilisé pour justifier l’orientation vers les financements extérieurs et la demande de soutien ? -
Réformes structurelles ou slogans répétés ?
Akhannouch a mentionné une série de réformes menées par son gouvernement sous la supervision directe royale : assurance obligatoire, généralisation de la couverture médicale, soutien au logement, réforme de l’éducation et de la santé… Mais la réalité dit autre chose :
Le personnel de santé fait grève en protestation contre les conditions de travail.
L’école publique se vide de ses compétences.
Les programmes d’aide n’atteignent pas correctement les bénéficiaires.
Alors, où va l’argent ? Qui est le véritable bénéficiaire de ces « réformes » ? Et pourquoi le citoyen ordinaire ne ressent-il aucune amélioration réelle dans sa vie quotidienne ? -
Mobilisation des ressources : qui paie le prix ?
Le chef du gouvernement a souligné que le Maroc a procédé à une réforme fiscale pour élargir l’assiette et lutter contre l’évasion. Mais :
Ces mesures ont-elles concerné les grandes entreprises et les secteurs rentiers ?
Pourquoi certains groupes économiques jouissent-ils toujours d’énormes privilèges fiscaux ?
Y a-t-il vraiment une justice fiscale ? Ou est-ce le citoyen ordinaire qui règle la note au final ? -
Recherche de financement extérieur : reconnaissance d’un déficit ?
Quand le chef du gouvernement affirme que les besoins du Maroc nécessitent des ressources supplémentaires, il admet implicitement que les capacités internes sont insuffisantes pour financer les grands chantiers. Mais ce déficit n’est pas expliqué avec transparence :
S’agit-il d’un gaspillage financier ?
Ou d’une mauvaise orientation des richesses ?
Ou existe-t-il des lobbys financiers qui tiennent l’économie nationale en leur pouvoir ? -
Où est la richesse dont parle le roi ?
Dans plusieurs discours, le roi Mohammed VI s’est interrogé : « Où est la richesse ? Et pourquoi tous les Marocains n’en bénéficient-ils pas ? »
Cette question royale n’a jusqu’à présent trouvé aucune réponse concrète dans les positions gouvernementales. Le discours d’Akhannouch à la conférence n’a d’ailleurs pas touché cette profondeur et a parlé d’aspirations et de chantiers, sans véritable remise en cause de la réalité ni explication sur la manière de garantir que tout le peuple profite de ces ambitions. -
Avons-nous affaire à un gouvernement qui agit en silence ?
Certains diront que l’État travaille avec détermination et en silence. Mais le silence ne justifie pas l’absence de transparence. La réforme ne se mesure pas aux paroles, mais à ses résultats. Et aujourd’hui, le citoyen ne veut pas de conférences internationales, mais un hôpital qui fonctionne, une école qui enseigne, un logement qui préserve sa dignité.
Conclusion
Ce que le chef du gouvernement marocain a présenté à Séville est une prestation diplomatique qui ne manque pas d’une logique de promotion politique externe, mais qui ne convainc pas le Maroc intérieur qui s’interroge sur le sort des richesses, l’avenir des réformes et la date à laquelle sera tournée la page des disparités criantes entre richesse apparente et pauvreté généralisée.
Si le gouvernement est sérieux dans son cheminement, alors sa première priorité est la franchise : qui possède ? Qui bénéficie ? Qui paie le prix ?
La réponse à ces questions seule donne un sens réel à toute conférence, réforme ou discours politique.