Dans un contexte international et régional en pleine mutation, où les États reconsidèrent leurs instruments de puissance douce et leurs équilibres culturels, la ville de Tanger s’apprête, le samedi 24 mai 2025, à accueillir la dixième édition du festival « Art du Caftan », célébrant ainsi dix années d’existence d’un événement culturel et artistique qui, au fil des ans, dépasse la simple célébration de l’élégance pour devenir une plateforme stratégique de diplomatie culturelle et de promotion d’un Maroc créatif et pluriel.
Le festival, organisé en partenariat avec le Ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication ainsi que l’Office National Marocain du Tourisme, se tiendra à l’hôtel Fairmont Tazi Palace Tanger, un choix symbolique en soi : Tanger, porte du Maroc sur l’Europe et l’Afrique, et un hôtel incarnant le mélange entre luxe contemporain et profondeur historique.
Le caftan… d’un vêtement féminin à un symbole géoculturel ?
Le caftan n’est plus simplement un habit traditionnel porté lors des cérémonies ; il devient progressivement une composante d’un récit national reflétant la profondeur de l’identité marocaine. Peut-on alors considérer le festival « Art du Caftan » comme une partie intégrante de l’architecture de la puissance douce du Maroc ? Et cet événement contribue-t-il à créer un équilibre entre l’ancrage patrimonial et l’ouverture au monde ?
Lorsque des créatrices comme Amal Benkrane, Kawtar Slaoui, Nada Rabil présentent leurs créations devant un public cosmopolite, cela dépasse le simple défilé esthétique pour devenir un acte de communication culturelle, voire un message implicite sur le positionnement du Maroc dans le nouvel ordre géoculturel.
Tanger : ville des paradoxes et des enjeux
Le choix de Tanger n’est pas anodin. La ville a toujours été le théâtre de croisements culturels et un lieu symbolique dans la mémoire des relations internationales du Royaume. De la Conférence de Tanger à la diplomatie du XXIe siècle, la ville cherche aujourd’hui à se repositionner non seulement comme port commercial, mais aussi comme plateforme créative et culturelle.
Le Maroc cherche-t-il à faire de Tanger la capitale culturelle de la Méditerranée ? Les festivals artistiques peuvent-ils jouer un rôle dans le rapprochement des fractures géopolitiques à travers des ponts de goût et d’art ?
Artistes, stylistes et invités… mais après ?
Le festival accueille des figures comme Zina Daoudia, Ibtissam Tiskat, Mounaim Slimani, ainsi que des personnalités médiatiques et artistiques de premier plan. Mais au-delà de l’éclat événementiel, la manifestation soulève des questions sur sa contribution effective à la transformation du produit culturel marocain en un produit économique exportable.
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Ces créations ont-elles une réelle chance d’accéder aux marchés internationaux ?
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Y a-t-il une stratégie institutionnelle pour structurer cette créativité dans un cadre économique durable ?
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Le Maroc parie-t-il sur le caftan comme vecteur d’image et d’influence au même titre que le cinéma ou la gastronomie ?
