Malgré les débats incessants et les rapports révélant les écarts choquants entre les prix mondiaux des carburants et leurs coûts au Maroc, les sociétés de distribution continuent d’engranger des bénéfices colossaux aux dépens du consommateur marocain, sans qu’aucune intervention efficace de l’État ou du Conseil de la concurrence ne soit mise en place. Comment en est-on arrivé là ? Et pourquoi les prix restent-ils élevés malgré la baisse des cours internationaux ?
Des prix qui ne reflètent pas la réalité
Selon les données actualisées du premier semestre d’avril 2025, le prix du gasoil, basé sur les anciens calculs avant la libéralisation du secteur, n’aurait pas dû dépasser 9,73 dirhams par litre, tandis que l’essence ne devrait pas excéder 11,12 dirhams. Pourtant, à la pompe, les prix avoisinent ou dépassent 11 dirhams pour le gasoil et 13 dirhams pour l’essence. Cela illustre la persistance des « profits excessifs », dénoncés par Houcine Al-Yamani, secrétaire général du Syndicat national du pétrole et du gaz.
Absence de contrôle et maintien du monopole
Pourquoi les prix restent-ils si élevés ? Tout simplement parce que le marché n’est pas assez mature pour fonctionner selon les règles de la libre concurrence. Une poignée d’entreprises domine l’importation et le stockage, exploitant l’absence d’alternatives nationales, notamment avec la raffinerie Samir, toujours fermée depuis 2015. La libéralisation des prix n’est-elle alors qu’un prétexte permettant à une minorité de s’enrichir illégalement, sans aucun mécanisme de régulation ?
Solutions repoussées ou volonté politique absente ?
Houcine Al-Yamani affirme que les solutions sont connues, mais qu’elles nécessitent une volonté politique réelle :
- Réorganisation du marché des carburants
- Mise en place de mécanismes de régulation des prix
- Réouverture de la raffinerie Samir
- Réduction des taxes sur les carburants
L’État interviendra-t-il pour protéger le pouvoir d’achat des Marocains, ou le statu quo se maintiendra-t-il au profit des grandes entreprises ?
