Dans un moment de deuil personnel, l’ancien ministre Azziz Rebbah rompt le silence pour adresser un message empreint d’inquiétude quant à l’état du goût public et au déclin des repères culturels, dissimulé selon lui sous les atours de la modernité. Ce cri d’alerte, lancé depuis la sphère intime, déborde sur un débat national.
De l’émotion privée à la sonnette d’alarme publique
Rebbah fait un lien direct entre sa douleur personnelle et une douleur plus collective : celle d’un Maroc, dit-il, envahi par la vulgarité et les fausses idoles médiatiques, où la médiocrité serait érigée en modèle, et la jeunesse livrée à des influences contraires à l’éthique nationale.
Du chaâbi au rap… où sont les limites ?
L’ancien ministre affirme son attachement à toutes les formes d’expression artistique : musique populaire, moderne, occidentale ou urbaine comme le rap. Mais il insiste : l’art doit être porteur de sens, de valeurs, d’esthétique. Il rejette toute forme de création qui serait vidée de son contenu éducatif ou social.
Le problème est-il dans le genre musical, ou dans le message qu’il véhicule ? Voilà l’interrogation centrale de son propos.
Une critique alarmiste : art ou dérive organisée ?
Le discours de Rebbah adopte un ton grave, voire prophétique : il alerte contre un « courant extrémiste » qui, selon lui, aurait infiltré l’art, l’éducation, et les médias, dans le but de fragiliser les fondements de la société marocaine : religion, famille, morale, et loyauté à la nation.
Soutien public : promouvoir ou pervertir ?
Il dénonce fermement l’usage des fonds publics pour soutenir certains artistes ou influenceurs qu’il juge « inappropriés », tandis que les alternatives culturelles sérieuses seraient marginalisées. La critique s’étend aux mécanismes de sélection, jugés opaques et biaisés en faveur de certains cercles d’influence.
Le débat est donc posé : Faut-il financer l’audience à tout prix, ou prioriser la qualité et l’identité ?
Liberté artistique et encadrement éthique : équilibre fragile
Rebbah appelle à un encadrement culturel basé sur les valeurs, la pudeur et la responsabilité. Mais cette position n’est pas sans risque : où s’arrête la régulation, et où commence la censure ? Qui décide des normes ? L’État ? Les artistes ? La société ?
Une plaidoirie sans feuille de route ?
Si le discours est éloquent dans sa dénonciation, il reste flou sur les alternatives. Quels contenus promeut-il ? Où sont les festivals, plateformes ou courants artistiques défendus par Rebbah ? La critique, sans construction parallèle, peut vite se transformer en nostalgie d’un passé révolu.
Conclusion : entre signal d’alarme et besoin de vision
Le discours d’Azziz Rebbah soulève une question légitime : quelle politique culturelle pour le Maroc d’aujourd’hui ? Mais au-delà du constat d’échec et du rejet de l’existant, l’urgence est d’imaginer une vision culturelle inclusive, capable de conjuguer liberté, ancrage identitaire, et excellence.