vendredi, juillet 11, 2025
AccueilActualitésLe dialogue social au Maroc : Un capital accumulé face à des...

Le dialogue social au Maroc : Un capital accumulé face à des déséquilibres persistants — Une lecture interprétative du communiqué d’Abderrahim Ramah

Le dialogue social au Maroc : Un capital accumulé face à des dérèglements persistants Lecture interprétative du point de vue d’Abderrahim Rammah, Président du Forum Marocain pour le Développement Social

Le dialogue social au Maroc a toujours joué un rôle fondamental dans la construction socio-politique du pays. Bien qu’initialement centré sur la satisfaction des revendications de la classe ouvrière, il s’est étendu pour toucher l’ensemble des dimensions économiques, sociales, professionnelles, politiques et même des droits humains.

Depuis la période coloniale française dans les années 1920 jusqu’à aujourd’hui, le mouvement syndical a payé un lourd tribut en termes de martyrs, de détenus, et de licenciements. Ces sacrifices ont permis des avancées notables sur plusieurs plans. Plusieurs accords ont été signés entre les trois parties prenantes (gouvernement, syndicats, patronat), incluant des améliorations des conditions de travail et de vie des salariés, l’élargissement des libertés publiques et la consolidation de la démocratie.

Avec le cumul de ces acquis et les transformations successives, le dialogue social est devenu une affaire de toute la société. Pour garantir sa continuité et son efficacité, il est nécessaire de renforcer la participation de toutes les parties concernées.

  1. Le Gouvernement : acteur principal Le gouvernement est appelé à instaurer une approche participative afin de rendre le dialogue social plus productif. Ceci passe par :
  • L’activation du Comité Supérieur du Dialogue Social
  • La relance du dialogue tripartite
  • La dynamisation du dialogue au niveau de la fonction publique
  • L’implication des régions et provinces
  • Le renforcement du dialogue sectoriel et des conventions collectives
  • L’opérationnalisation des commissions thématiques

Le dialogue ne peut être efficace que si les trois parties sont présentes simultanément lors des séances. Les principaux dossiers concernent :

  • L’harmonisation salaires/prix
  • L’extension de la protection sociale
  • La réforme des caisses de retraite
  • La révision du statut de la fonction publique
  • L’application du code du travail
  • La protection des libertés syndicales
  • La législation du droit de grève
  • Le renforcement de l’inspection du travail
  1. Les syndicats : entre proposition et unité Historiquement, les syndicats ont été une force de proposition. Le succès du dialogue social conditionne l’avenir du mouvement syndical. Les coordinations syndicales peuvent jouer un rôle plus fort si elles s’intègrent dans les centrales. Le renforcement de l’unité syndicale est essentiel.
  2. La CGEM : partenaire économique La Confédération Générale des Entreprises du Maroc est appelée à contribuer à une approche équilibrée « gagnant-gagnant ». Il faut accorder une attention accrue au secteur informel, véritable gouffre pour l’économie nationale.
  3. La COMADER : vers une modernisation sociale Malgré les progrès de la professionnalisation et de la modernisation du secteur agricole, les conditions sociales des salariés agricoles restent précaires : faible application du code du travail, sous-déclaration à la CNSS, manque de sécurité et d’hygiène, transports dangereux.
  4. Le rôle de la société civile En l’absence de leadership fort des partis politiques comme par le passé, des acteurs tels que les ONG de droits humains, les associations professionnelles et culturelles, les universités et les médias peuvent jouer un rôle clé dans l’animation du dialogue social.

■ Vers un Comité de coordination national La création d’un Comité de coordination national réunissant toutes les parties prenantes permettrait de structurer l’action collective autour d’un agenda et d’outils opérationnels partagés.

Conclusion Le dialogue social au Maroc a certes permis des avancées significatives, mais il reste tributaire de volonté politique, de participation effective des parties prenantes et d’une gouvernance plus inclusive. Pour que les attentes sociales rencontrent les capacités économiques, il est impératif de bâtir un cadre de dialogue renouvelé, durable et équitable.

Articles connexes

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

- Advertisment -spot_imgspot_imgspot_imgspot_img

Les plus lus

Recent Comments