Naissance de l’Association Nationale pour l’Amélioration Génétique au Maroc et élection de l’ingénieure Khouloud Bessak à sa présidence
Dans une dynamique qui dépasse la simple création d’un cadre associatif, le Maroc a assisté, le vendredi 30 mai 2025 à Bouznika, à la naissance de l’Association Nationale pour l’Amélioration Génétique, perçue par plusieurs observateurs comme un tournant stratégique dans le développement de la filière animale et une mise en œuvre concrète du Plan Génération Verte 2020-2030, en écho aux Hautes Orientations Royales visant la réhabilitation du cheptel national et l’amélioration des conditions des éleveurs.
Mais cette naissance institutionnelle est-elle seulement une réponse sectorielle, ou bien marque-t-elle un début de reconfiguration de la carte de la richesse animale marocaine à travers la science, l’innovation et la gouvernance collective ?
Un cadre unificateur pour une chaîne en quête de cohérence
Cette association est le fruit d’une collaboration entre plusieurs acteurs spécialisés dans l’amélioration génétique : producteurs, importateurs, inséminateurs, unités de valorisation des veaux, ainsi que des associations œuvrant pour la préservation des races locales comme Oulmès-Zaër. Elle vise à moderniser la chaîne de l’élevage et à améliorer la qualité de la production animale, à travers l’unification des pratiques, le renforcement du conseil technique et la formation continue.
Les initiateurs de ce projet ont souligné que parmi les objectifs majeurs de l’association figurent :
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l’amélioration des caractères génétiques des ovins et bovins,
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l’augmentation de la productivité en viande et lait,
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et l’accompagnement des agriculteurs dans l’adoption de techniques modernes en matière d’élevage et de reproduction.
L’association s’engage également à faciliter l’accès des éleveurs à du matériel génétique de haute qualité, en particulier le sperme sélectionné, afin de valoriser les races locales et en renforcer les performances.
Une femme d’expertise à la tête du changement
L’assemblée constitutive a élu à sa tête Madame Khouloud Bessak, ingénieure agronome spécialisée en production animale et en amélioration génétique, pour diriger l’association aux côtés d’un bureau composé de 12 membres représentant diverses régions et maillons du secteur, y compris les inséminateurs techniques agréés, considérés comme des relais essentiels pour la mise en œuvre du plan Génération Verte au profit des éleveurs.
Un levier pour l’emploi rural et la compétitivité agricole
Cette initiative a été saluée par plusieurs professionnels du secteur, qui y voient un levier stratégique pour stimuler l’emploi en milieu rural, renforcer la compétitivité de la filière animale, et ancrer une vision intégrée de la sécurité alimentaire et du développement durable, en phase avec les orientations du Nouveau Modèle de Développement.
Le programme d’action annoncé prévoit :
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la création de centres régionaux couvrant l’ensemble du Royaume,
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le lancement de campagnes de sensibilisation et de formation,
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ainsi que la mise en place de partenariats avec les instituts de recherche et le secteur privé pour garantir l’innovation et la qualité des services.
Un signal vers la souveraineté alimentaire ?
À travers cette structuration, le Maroc semble franchir un pas de plus vers la résilience de son système agricole et l’affirmation de sa souveraineté alimentaire comme enjeu majeur des prochaines décennies.
Mais plusieurs questions demeurent :
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L’association pourra-t-elle réellement infléchir les pratiques traditionnelles ?
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Les politiques publiques accompagneront-elles cet élan associatif pour le transformer en politique d’État ?
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Et surtout, les petits éleveurs, principaux concernés, seront-ils pleinement intégrés dans cette mutation génétique et productive ?