Dans un contexte de défis croissants auxquels est confronté le secteur de l’élevage au Maroc, le député Rachid Hammouni, président du groupe parlementaire du Parti du Progrès et du Socialisme à la Chambre des représentants, a soulevé des questions concernant les montants du soutien financier public accordé à l’Association Nationale des Éleveurs d’Ovins et de Caprins. Cette polémique ouvre la voie à un débat plus large sur la transparence dans la gestion des fonds publics et leur contrôle dans les secteurs vitaux.
Le cheptel national entre sécheresse et importation : Qui est le véritable bénéficiaire ?
Le cheptel marocain fait face à de graves défis en raison des changements climatiques et de la sécheresse, ce qui a poussé le gouvernement à soutenir l’importation de moutons et de bovins. Cette orientation soulève des interrogations sur l’efficacité réelle du soutien destiné aux éleveurs locaux. S’agit-il d’un manque de confiance dans les capacités de production nationale ? Ou bien d’un dysfonctionnement structurel dans le système de soutien et de sa répartition ?
Association des éleveurs : Compétence ou monopole ?
L’Association Nationale des Éleveurs d’Ovins et de Caprins est considérée comme un partenaire essentiel du ministère de l’Agriculture. Elle est liée à celui-ci par des contrats-programmes et des conventions portant sur :
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Le développement de la filière des viandes rouges,
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La préservation des races et l’amélioration génétique,
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L’encadrement technique des producteurs,
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La distribution des aides publiques,
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La mise en place de marchés temporaires pour la vente des animaux de l’Aïd,
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L’identification et le marquage du cheptel.
Mais ce rôle central soulève une question sensible : l’association reste-t-elle une organisation professionnelle indépendante ? Ou est-elle devenue un acteur hégémonique contrôlant les leviers du soutien public ?
Des millions en soutien : Qui contrôle ? Où va l’argent ?
Hammouni a demandé des détails précis sur les montants du soutien financier public reçus par l’association, ainsi que sur les modalités de leur dépense et les instances habilitées à surveiller cela. Il s’agit d’une demande légitime :
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Quels sont les mécanismes de transparence mis en place ?
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Existe-t-il des organes indépendants pour contrôler la gestion de ces ressources ?
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L’argent est-il bien investi dans le développement de la filière ou dévié de ses objectifs ?
Des questions en apparence simples, mais qui touchent au cœur de la confiance entre l’État et ses citoyens.
Retenues injustifiées : Qui protège le petit éleveur ?
L’un des points les plus inquiétants soulevés par Hammouni concerne les retenues opérées par l’association sur les montants de l’aide publique destinée aux éleveurs, avant même de leur être remise. Cela soulève plusieurs interrogations :
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Ces retenues sont-elles légales ?
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Ont-elles été validées par le ministère de tutelle ?
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Sont-elles exercées en dehors de tout cadre réglementaire ?
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Et surtout, les éleveurs lésés disposent-ils d’un mécanisme de plainte ou de recours ?
Transparence absente, reddition de comptes manquante
Malgré l’importance de ses missions, l’absence de transparence et de contrôle rigoureux sur l’utilisation des aides publiques par l’association soulève un vrai défi. Dans un pays qui mise sur la réforme du système agricole et le renforcement de sa souveraineté alimentaire, peut-on tolérer que des associations professionnelles gérant des montants colossaux d’argent public échappent à tout véritable audit ?
Conclusion : Vers une révision globale ?
Ce que soulève le député Hammouni n’est pas une simple question administrative sur la gestion des fonds. C’est un appel à repenser le modèle de partenariat entre l’État et les organisations professionnelles.
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Le gouvernement prendra-t-il des mesures pour garantir la transparence dans la distribution du soutien ?
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D’autres dossiers similaires seront-ils ouverts dans d’autres associations bénéficiant de fonds publics ?
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Ce questionnement parlementaire sera-t-il suivi d’effets ? Ou rejoindra-t-il la longue liste des alertes sans suite ?