Couverture santé, soutien social et école publique : Le fossé se creuse entre promesses politiques et réalité marocaine
Alors que la tension sociale et économique s’intensifie, le débat autour de la crédibilité des promesses gouvernementales en matière de généralisation de la couverture santé et de soutien social refait surface, ravivé par les critiques virulentes d’Idriss Azami Idrissi, premier vice-secrétaire général du Parti de la Justice et du Développement (PJD), lors d’une conférence de presse dédiée à l’évaluation des « dysfonctionnements dans le chantier de la généralisation de la couverture santé et de la protection sociale ».
Mais que révèlent réellement ces chiffres et ces critiques ? Assistons-nous à une simple divergence de communication, ou bien à une crise structurelle dans la gouvernance des politiques sociales ?
Entre discours rassurants et réalité d’exclusion : que cache la promesse de couverture universelle ?
Alors que le Chef du gouvernement affirme que la couverture santé a été généralisée à tous les Marocains, Azami avance un chiffre inquiétant : 8,5 millions de Marocains seraient encore exclus de ce dispositif, s’appuyant notamment sur un communiqué officiel de la Banque mondiale indiquant que le taux de couverture ne dépasse pas 75%.
Ce décalage flagrant entre les déclarations officielles et les constats du terrain soulève une question centrale : les politiques sociales sont-elles pilotées à partir d’analyses rigoureuses ou d’agendas communicationnels ?
Soutien scolaire, orphelins et veuves : régression ou recentrage stratégique ?
Le retrait du programme « Un million de cartables », qui visait à alléger les charges de la rentrée scolaire pour les familles vulnérables, aurait privé 1,7 million d’élèves d’un appui fondamental, selon Azami. Cette décision, selon lui, aggrave les inégalités scolaires.
De plus, le gouvernement aurait exclu 43 000 veuves et 123 000 orphelins des programmes de soutien social, marquant un recul par rapport aux acquis sociaux des dernières années. Faut-il y voir une volonté de rationaliser les dépenses publiques ou un abandon de l’engagement envers les plus démunis ?
Aides directes et promesses non tenues : une stratégie floue ?
Malgré une forte communication autour du programme d’aide directe, Azami souligne que seulement 3 % des bénéficiaires ont réellement perçu la prime de naissance, et s’interroge sur le sort de 1,5 million d’enfants censés en bénéficier.
Cette opacité dans les chiffres remet en cause la transparence de l’action gouvernementale et l’efficacité de la mise en œuvre des engagements annoncés.
Contexte international : quel impact sur la crédibilité du Maroc ?
Le démenti implicite de la Banque mondiale, qui affirme que le Maroc n’a pas encore atteint la couverture universelle, pourrait avoir des répercussions diplomatiques et financières. Le royaume, souvent présenté comme un modèle régional en matière de réformes sociales, risque de perdre en crédibilité internationale si les écarts entre promesses et réalité persistent.
Une crise des chiffres ou une crise de stratégie ?
Les données présentées par Azami ne sont pas seulement des chiffres : elles révèlent un malaise profond dans la conception et la mise en œuvre des politiques sociales. L’impression qui domine est celle d’un gouvernement qui amplifie les annonces tout en réduisant l’ampleur de l’action réelle, en l’absence d’outils de contrôle et d’évaluation indépendants.
Analyse finale :
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La couverture santé universelle reste, à ce stade, une promesse non tenue.
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Les reculs dans les programmes de soutien scolaire et familial creusent les inégalités sociales.
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Le manque de transparence dans les chiffres officiels nuit à la confiance publique.
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Une réorientation stratégique est urgente, reposant sur une évaluation rigoureuse, une communication responsable, et une gestion éthique des politiques sociales.