Dans une opération antiterroriste menée avec célérité, les autorités marocaines ont réussi, en coordination étroite avec leurs homologues françaises, à contrecarrer un projet d’attentat visant un lieu de culte à Rabat. Une jeune étudiante, acquise à l’idéologie de l’organisation terroriste Daech, a été arrêtée avant de passer à l’acte. Si l’intervention n’a fait aucune victime, elle soulève toutefois de nombreuses interrogations sur la résurgence de la menace extrémiste, les nouvelles formes de radicalisation, et surtout, la place stratégique qu’occupe désormais le Maroc dans l’architecture sécuritaire mondiale.
Radicalisation silencieuse : le visage évolutif du terrorisme
Le profil de la suspecte interpelle : étudiante dans un institut technique supérieur, elle n’est ni marginalisée ni socialement exclue. Pourtant, elle avait déjà acquis des compétences avancées dans la fabrication d’explosifs et de poisons, et commencé à réunir le matériel nécessaire à un passage à l’acte. Le phénomène des « loups solitaires » semble évoluer : plus discrets, moins visibles, mais redoutablement déterminés.
Cela questionne les limites des dispositifs de prévention classique et appelle à repenser les mécanismes d’alerte sociale, notamment dans les milieux éducatifs.
Un partenariat stratégique, pas conjoncturel
Cette opération n’aurait pas pu aboutir sans une coopération étroite entre les services marocains et français, fondée sur un échange de renseignements précis et un travail de terrain coordonné. Le Bureau central d’investigations judiciaires (BCIJ), bras judiciaire de la DGST, a joué un rôle déterminant en fournissant des informations ayant permis l’identification et la neutralisation de la menace.
Le Maroc, partenaire historique de la France en matière de sécurité, confirme ainsi son statut de pôle régional incontournable dans la lutte contre le terrorisme. À plusieurs reprises, les services marocains ont fourni des informations décisives à leurs homologues européens, permettant d’éviter des drames sur leur sol.
Une menace aux ramifications transnationales ?
Au-delà du cas isolé, l’enquête cherche désormais à établir les connexions internationales potentielles de la suspecte : qui l’a recrutée, formée, équipée ? Y a-t-il un lien avec des réseaux plus larges opérant en Afrique du Nord ou au Moyen-Orient ? L’utilisation de certains matériaux et la possession de contenus extrémistes suggèrent une influence extérieure, potentiellement via le cyberespace ou des circuits clandestins.
Une réponse multidimensionnelle à un défi global
Face à une menace protéiforme, le Maroc déploie une stratégie intégrée : sécurité préventive, réforme du champ religieux, et lutte contre les causes profondes du radicalisme (chômage, inégalités, marginalisation). Cette approche globale a fait ses preuves, et lui a valu la reconnaissance d’acteurs internationaux, dont l’ONU, qui a installé à Rabat son bureau régional de formation pour l’Afrique en matière de lutte antiterroriste.
En parallèle, le Royaume est un membre actif du Forum mondial de lutte contre le terrorisme (GCTF), et copréside plusieurs groupes de travail stratégiques.
Une leçon pour l’Europe et la région
Ce nouvel épisode illustre l’utilité concrète de la coopération euro-maghrébine dans un monde où la menace est transversale, imprévisible, et en constante mutation. Il renforce également l’idée selon laquelle l’expertise marocaine n’est plus simplement “nationale” mais bien “internationale” dans son impact.
À l’heure où les tensions s’exacerbent dans le Sahel, où les groupes jihadistes prolifèrent et où les technologies amplifient la portée des extrémismes, l’exemple marocain pourrait inspirer une refonte des politiques de sécurité sur le plan régional.