Le 24 juin 2025, le Directeur Général de la Sûreté Nationale et de la Surveillance du Territoire, M. Abdellatif Hammouchi, a signé avec son homologue français M. Loïc Lougie, Directeur Général de la Police Nationale française, un plan d’action sécuritaire conjoint. Ce document n’est pas un simple protocole, mais la consolidation d’une coopération qui remonte à plusieurs décennies, notamment face aux enjeux terroristes et aux réseaux du crime organisé transnational.
Une reconnaissance de la souveraineté sécuritaire marocaine
La signature de ce plan traduit une reconnaissance claire de la France envers l’efficacité des services de sécurité marocains, souvent sollicités pour neutraliser des menaces en Europe. La remise à M. Hammouchi de la Légion d’honneur au rang d’officier est hautement symbolique : elle atteste du rôle central du Maroc dans l’architecture sécuritaire euro-méditerranéenne.
De la coopération à l’institutionnalisation
Le plan signé entre Rabat et Paris structure désormais la coopération autour de points concrets :
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Création d’équipes de travail conjointes.
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Partage de données sur les personnes recherchées au niveau international.
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Renforcement de la formation et des expertises techniques.
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Coopération opérationnelle sur le terrain.
Cette approche vise à faire passer la relation de la simple assistance ponctuelle à un partenariat stratégique structuré.
Impacts à moyen terme
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Rayonnement régional du Maroc : Ce plan renforce la position du Royaume en tant qu’acteur sécuritaire incontournable dans la région du Maghreb et du Sahel.
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Influence sur l’agenda sécuritaire européen : À travers cette coopération, le Maroc s’inscrit dans la logique d’un “axe sécuritaire Rabat–Paris–Bruxelles”.
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Préparation aux événements sportifs mondiaux : La disponibilité de la France à accompagner le Maroc dans l’organisation d’événements sportifs internationaux (CAN 2025, Coupe du Monde 2030) inscrit la sécurité au cœur de la diplomatie sportive.
Bénéfices stratégiques
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Renforcement de la crédibilité internationale du Maroc.
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Accès à une expertise technique de haut niveau.
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Accélération des procédures de poursuite judiciaire internationale.
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Consolidation du climat de confiance avec les partenaires européens.
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Anticipation plus fine des menaces cybernétiques et transnationales.
Les zones de vigilance
Tout partenariat de cette nature comporte aussi des défis :
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Asymétrie potentielle dans le partage d’informations sensibles.
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Risque de politisation de la coopération en cas de tensions diplomatiques.
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Dépendance technologique accrue vis-à-vis de partenaires européens.
Il est donc crucial pour le Maroc de maintenir un équilibre subtil entre ouverture et souveraineté, afin que la coopération reste bénéfique sans compromettre l’autonomie décisionnelle.
Une nouvelle ère pour la sécurité partagée
Ce plan peut servir de modèle pour d’autres accords avec l’Allemagne, l’Espagne ou l’Union européenne, notamment dans les domaines de la cybersécurité, de la migration et du contre-terrorisme.
Conclusion analytique
Cet accord dépasse le cadre bilatéral pour s’inscrire dans une vision géostratégique plus large : celle d’un Maroc exportateur de stabilité, en phase avec les nouvelles dynamiques de sécurité régionale. Il consacre une maturité institutionnelle et une capacité à dialoguer d’égal à égal avec les puissances internationales, tout en restant fidèle à ses intérêts nationaux. Mais cette reconnaissance impose aussi des responsabilités et une vigilance constante, surtout à l’ère des menaces hybrides et numériques.