Entre Tel-Aviv et Téhéran, un bras de fer stratégique s’intensifie : non seulement par le biais des alliances militaires et politiques, mais aussi par la course aux armes nucléaires et à l’influence régionale. Pendant ce temps, le monde arabe, avec ses États et ses peuples, semble réduit à un rôle de spectateur, ou pire, à celui de complice passif — un rôle qui reflète une absence dramatique de projet stratégique propre.
Mais qui contrôle vraiment la région, et qui en paie le prix ?
Le conflit entre Israël et l’Iran dépasse les rivalités traditionnelles : il reflète une reconfiguration profonde de l’ordre géopolitique mondial, dans un contexte post-ukrainien marqué par le retrait progressif des États-Unis du Moyen-Orient. Selon les rapports de l’Agence internationale de l’énergie atomique, l’Iran possède désormais des stocks d’uranium enrichi à des niveaux techniquement suffisants pour la fabrication de bombes nucléaires en quelques mois. Quant à Israël, elle continue de maintenir une politique de dissuasion opaque, alors que des estimations crédibles, notamment celles de l’Institute for Science and International Security (ISIS), évaluent son arsenal nucléaire entre 80 et 200 ogives.
Et les pays arabes dans tout cela ? Ont-ils encore voix au chapitre dans les équilibres nucléaires régionaux ?
La plupart des capitales arabes abordent ce bras de fer comme un dossier étranger, alors qu’il façonne leur propre sécurité collective. Certaines se précipitent vers un « normalisation stratégique » avec Israël, sous prétexte d’innovation et de stabilité, tandis que d’autres s’alignent silencieusement sur Téhéran pour des raisons géopolitiques. Résultat : un monde arabe absent des négociations sur son propre avenir.
Peut-on envisager un réveil stratégique arabe ?
Les chiffres du SIPRI (Institut international de recherche sur la paix de Stockholm) révèlent une dépendance accablante des pays arabes aux importations d’armes : plus de 90 % du matériel militaire est importé, tandis que les industries locales restent sous-développées, soumises à des pressions extérieures.
Assiste-t-on à une nouvelle version de Sykes-Picot, mais cette fois par l’arme nucléaire ?
Sans projet collectif arabe, ni autonomie stratégique, la région devient un échiquier entre puissances régionales et internationales. D’où la question essentielle : Les Arabes continueront-ils à regarder leur sort se jouer sans y prendre part ? Ou auront-ils le courage de construire enfin leur propre équation ?