Quand les marchés publics deviennent un fardeau pour les finances publiques : Lecture analytique des rapports d’inspection financière
La plateforme « Le Maroc Maintenant » a observé une publication du site Hespress, révélant de nouveaux éléments liés à la gestion des marchés publics, fondés sur des sources bien informées. Selon ces dernières, l’Inspection Générale des Finances (IGF) a finalisé plusieurs rapports d’audit concernant des institutions et entreprises publiques, mettant en lumière des marchés attribués à des entreprises en faillite ou en liquidation judiciaire. Cela soulève des interrogations majeures sur les mécanismes de contrôle et la protection des deniers publics.
Les inspecteurs ont, au fil de plusieurs mois, analysé en profondeur des marchés défaillants, révélant un non-recours préoccupant à l’article 31 du décret n°2.01.2332, qui permet la résiliation légale d’un marché public en cas de liquidation judiciaire de l’entreprise contractante. Cette inaction, imputée à certains ordonnateurs et hauts fonctionnaires, a entraîné des charges imprévues sur les budgets publics.
S’agit-il simplement d’une négligence administrative ou plutôt d’une indulgence volontaire envers certaines entreprises ?
Les rapports relèvent également l’absence de requêtes officielles émanant des syndics de liquidation pour poursuivre l’exécution des contrats, requêtes pourtant indispensables et soumises à une autorisation judiciaire. L’analyse des documents contractuels a révélé une absence de suivi réel des travaux, des délais de livraison non respectés, et des audits internes ayant ignoré les dysfonctionnements majeurs, engageant potentiellement la responsabilité de plusieurs responsables d’achats.
La question de la gouvernance se pose : la commande publique est-elle un outil de développement ou un terrain d’arrangements opaques ?
Selon une étude récente publiée par Allianz Trade, les défaillances d’entreprises au Maroc devraient continuer d’augmenter en 2025. Elles ont atteint 16.100 cas en 2024, soit une hausse de 13 % par rapport à 2023. En cause : l’allongement des délais de paiement, les séquelles post-Covid, les aléas climatiques et l’inflation.
Pourquoi donc des administrations publiques confient-elles des marchés à des entreprises fragiles ou dépassées par l’ampleur des projets ? Sommes-nous en train de payer le prix d’un manque de rigueur et de transparence dans la sélection des prestataires ?
Il est urgent d’ouvrir un débat national autour de l’efficacité, de l’intégrité et de la finalité des marchés publics. Dans un contexte où le Maroc cherche à donner un nouveau souffle à son développement, chaque projet compte.
Quand la dépense devient un gouffre, et l’échec une norme, une réforme s’impose.