mardi, juin 17, 2025
AccueilActualitésMotion de censure au Parlement marocain : initiative sans avenir ou signal...

Motion de censure au Parlement marocain : initiative sans avenir ou signal politique ?

La motion de censure déposée par les composantes de l’opposition à la Chambre des représentants pour renverser le gouvernement d’Aziz Akhannouch soulève de profondes questions quant à la pertinence de cette initiative, dans un contexte de majorité parlementaire cohérente et confiante en sa solidité. Tandis que la majorité la qualifie d’ »initiative sans perspective politique », la motion met en lumière la fragilité de la coordination au sein de l’opposition. Assistons-nous à une nouvelle tentative vouée à l’échec pour faire revivre le contrôle parlementaire, ou à un signal précoce d’un début de fissure du système politique de l’intérieur ?

1. La majorité : « Nous ne craignons pas le débat, mais il est inutile »

Contexte général : le gouvernement repose sur une coalition solide de trois partis (Rassemblement national des indépendants, Authenticité et Modernité, Istiqlal) totalisant 255 sièges sur 395. Cette réalité numérique rend la chute du gouvernement par voie de motion de censure pratiquement impossible.

Les déclarations de la majorité révèlent une position claire :

  • 🗣 Mohamed Chouki (RNI) : « L’opposition n’est unie que par l’instant… Le gouvernement sortira vainqueur de toute épreuve. »

  • 🗣 Ahmed Touizi (PAM) : « Il est politiquement stérile d’attendre notre soutien pour faire tomber un gouvernement que nous considérons comme performant. »

  • 🗣 Allal El Amraoui (PI) : « Les us et coutumes du Parlement sont clairs : nous ne soutenons pas les initiatives menaçant la stabilité gouvernementale. »

Question clé : si les rapports de force sont clairs et la majorité sereine, à quoi sert donc cette motion ? Est-ce un simple coup médiatique ? Ou une tentative de réveiller une scène politique figée malgré une issue connue d’avance ?

2. L’opposition : division interne et stratégie absente

Vue de l’intérieur :

  • Une opposition composée de partis aux référentiels hétérogènes (PJD, PPS, USFP).

  • Difficultés majeures de coordination.

  • Échec à réunir les 148 signatures nécessaires.

Causes profondes de la confusion :

  • ❗️ Divergences idéologiques (islamistes, gauchistes, libéraux).

  • ❗️ Calculs électoraux locaux qui freinent les alliances à court terme.

Question de fond : l’opposition peut-elle dépasser la logique réactive et se présenter comme une véritable alternative crédible ? Ou restera-t-elle confinée à un jeu symbolique au sein d’institutions verrouillées ?

3. Qui gagne et qui perd dans cette séquence ?

Gains pour la majorité :

  • Image d’un bloc uni face à l’opinion publique.

  • Occasion de défendre le bilan gouvernemental.

Gains potentiels pour l’opposition :

  • Lancement d’un débat public sur les politiques (inflation, chômage, santé…).

  • Test de la cohésion de la majorité, à la recherche de voix dissidentes.

Question stratégique : l’opposition pourra-t-elle transformer cette initiative en levier de débat national ? Ou sombrera-t-elle dans un spectacle politique vide ?

4. Lecture constitutionnelle et politique : entre texte et pratique

La Constitution de 2011 a renforcé les pouvoirs du Parlement et introduit des mécanismes comme la motion de censure. Mais l’équilibre des pouvoirs reste inchangé : la majorité numérique l’emporte.

Précédents :

  • Toutes les motions de censure ont échoué depuis 1998.

  • Outil symbolique plus qu’arme politique réelle.

Problème constitutionnel : le faible usage de la censure reflète-t-il une faiblesse de l’opposition ? Ou un système qui donne des outils tout en en limitant l’usage ?

5. Conclusion : et après la motion… un changement ?

Scénarios possibles :

  • Échec du recueil des signatures : démontre la faiblesse de l’opposition et gèle toute initiative similaire avant les prochaines élections.

  • Présentation et débat : moment de prise de parole sans impact politique.

  • Fissures dans la majorité ? Très peu probable à court terme malgré la pression.

Message politique : la motion est plus qu’un acte législatif, elle révèle la crise interne de l’opposition et montre que le gouvernement profite davantage de la division de ses adversaires que de la force de son programme.

Questions ouvertes :

  • L’échec de l’unité de l’opposition est-il révélateur d’une crise partisane ou d’un système politique contrôlé ?

  • Comment concilier stabilité gouvernementale et efficacité du contrôle parlementaire ?

  • Que manque-t-il à l’opposition marocaine pour passer de la contestation à l’influence ?

Articles connexes

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

- Advertisment -spot_imgspot_imgspot_imgspot_img

Les plus lus

Recent Comments