Malgré les semaines écoulées depuis que le ministère de l’Éducation nationale, du Préscolaire et des Sports a achevé toutes les étapes de sélection des nouveaux directeurs provinciaux, les décisions de nomination officielles restent enfermées dans les tiroirs du ministère.
En ce moment critique de l’année scolaire, 27 directions provinciales sont toujours gérées par intérim, une situation qui soulève des questions inquiétantes sur l’engagement réel du ministère envers les principes de compétence et de transparence dans la gestion des postes de haute responsabilité.
Une gestion éducative temporaire à un moment crucial
Le système éducatif national traverse une période de confusion sur le terrain, à un moment considéré parmi les plus sensibles de l’année scolaire, marqué par des examens certificatifs, des marchés liés à la rentrée prochaine et l’élargissement du réseau des « Établissements pionniers » dans le cadre du programme de réforme 2022-2026.
En l’absence de directeurs provinciaux officiellement nommés, les directeurs intérimaires prennent des décisions prudentes, qui manquent parfois de l’audace nécessaire pour mettre en œuvre de grands projets de réforme.
Nominations retardées : le secteur est-il géré selon une logique de « favoritisme » ?
Des sources concordantes indiquent que le retard dans la publication des nominations n’est pas lié à des obstacles administratifs, mais à des interventions extérieures au ministère, certaines d’ordre politique, syndical, voire tribal. Ces interventions cherchent – selon les sources de Maghreb Alaan – à imposer des noms proches, faisant ainsi de la nomination de responsables territoriaux dans l’éducation un enjeu soumis à des équilibres non pédagogiques, dans un secteur toujours en proie à une crise de confiance malgré les slogans de réforme proclamés.
La question centrale ici est la suivante : peut-on réformer le système éducatif avec des outils entourés d’allégeances partisanes et de pressions catégorielles ?
Mobilité interne… un simple règlement de comptes ?
Le ministère avait déjà relevé de leurs fonctions 16 directeurs provinciaux et opéré un vaste mouvement de mutations, entraînant une vacance effective à des postes de direction. Mais au lieu d’accélérer le rythme des nominations pour combler ce vide, le flou a de nouveau prévalu. Un calendrier précis, signé par l’ex-secrétaire général Younes Sahimi, devait achever le processus à la mi-avril, mais rien ne s’est concrétisé.
Sommes-nous face à une véritable crise de gestion au sein du ministère, ou les choses sont-elles dirigées par des centres de pouvoir externes ?
Crise de gouvernance ou incapacité à protéger la décision éducative de la politisation ?
Le ministère censé mener la transformation de l’école publique semble incapable de protéger les décisions de nomination des tiraillements. Résultat : retard dans la mise en œuvre des chantiers de réforme et recul probable des indicateurs de confiance, aussi bien à l’intérieur du secteur que parmi les citoyens.
Cette réalité nous mène à une question plus profonde : comment construire « l’école de la confiance » dans un contexte où les mécanismes de gestion des postes décisionnels dans l’éducation manquent eux-mêmes de crédibilité ?
En conclusion…
Alors que l’État brandit le slogan de l’équité et de l’efficacité dans la fonction publique, le ministère de l’Éducation nationale se voit confronté à une question simple mais essentielle : qui nomme réellement les directeurs provinciaux ? Est-ce la commission de sélection ? Ou bien les cercles capables de faire pression dans l’ombre ?
Et quand l’école marocaine cessera-t-elle d’être un terrain de clientélisme politique pour devenir enfin un chantier national au-dessus de toute considération partisane ?