Alors que l’on ne cesse de promettre des réformes et des campagnes de sensibilisation à la sécurité routière, les routes marocaines continuent de faucher des vies. Selon les chiffres officiels de la Direction Générale de la Sûreté Nationale, 19 personnes ont perdu la vie et 3018 autres ont été blessées – dont 133 grièvement – dans 2267 accidents de la circulation en zones urbaines, survenus au cours de la semaine du 21 au 27 avril.
Mais comment expliquer cette violence routière persistante ? À qui incombe la responsabilité réelle : aux conducteurs imprudents, à un système éducatif défaillant en matière de civisme routier, ou aux institutions qui semblent incapables de juguler ce fléau ?
Des comportements à risque… mais une prévention à la peine
Parmi les principales causes recensées : l’inattention des conducteurs, le non-respect de la priorité, l’inattention des piétons, le non-respect des distances de sécurité, les changements de direction non signalés, l’excès de vitesse, ou encore la conduite en état d’ivresse.
Ces comportements sont-ils le fruit d’une impunité latente ? Les campagnes de sensibilisation mises en œuvre ont-elles réellement atteint les populations concernées ? À quand une stratégie nationale intégrée qui articule prévention, répression, éducation et urbanisme ?
Une réponse policière présente, mais insuffisante ?
Durant la même semaine, les services de sécurité ont relevé 51 417 infractions, dressé 9346 procès-verbaux transmis à la justice, et recouvré 42 071 amendes forfaitaires pour un montant total de 9,35 millions de dirhams.
En parallèle, 5311 véhicules ont été mis en fourrière, 9346 documents saisis et 671 véhicules immobilisés. Mais ces chiffres suffisent-ils à dissuader les comportements dangereux ? Où est l’évaluation publique de l’impact de ces actions sur la courbe de l’accidentalité ?
Une urgence de gouvernance
La répétition de ces drames révèle une défaillance structurelle. Que fait réellement l’Agence Nationale de la Sécurité Routière (NARSA) au-delà des communiqués annuels ? Pourquoi les politiques publiques semblent-elles incapables de rompre avec la fatalité des chiffres ? À l’approche de la saison estivale – où la circulation connaît un pic –, la crainte d’un nouveau carnage est bien réelle.
La route marocaine est-elle devenue un lieu d’insécurité permanente ? Et surtout, combien faudra-t-il encore de morts pour que la sécurité routière devienne une priorité nationale effective, et non un simple slogan institutionnel ?