samedi, avril 19, 2025
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L’Association tire la sonnette d’alarme, le Parquet garde le silence : Mohamed Tahfa, un symbole du chaos numérique ?

Alors que le Royaume du Maroc mène des batailles avancées contre les discours de haine, la diffamation et les atteintes à la sécurité numérique de l’État, l’affaire du dénommé Mohamed Tahfa illustre la complexité croissante que rencontrent les institutions nationales pour réguler l’espace virtuel. Les réseaux sociaux deviennent parfois des plateformes de déclarations graves, sapant la confiance dans les institutions et interrogeant sur l’avenir de l’ordre juridique dans la sphère publique numérique.

La Ligue marocaine pour la citoyenneté et les droits de l’Homme, une organisation active dans le paysage des droits humains, a adressé une lettre ouverte au Procureur général du Roi et au Directeur général de la Sûreté nationale. Elle y réclame l’ouverture d’une enquête urgente sur les activités du concerné, toujours libre de ses mouvements sur le territoire national, malgré ce qu’elle décrit comme « des dizaines de plaintes » à son encontre, pour des actes constituant des infractions au regard du Code pénal marocain.

Mais pourquoi cette affaire interpelle-t-elle autant ? Pourquoi les mécanismes judiciaires et sécuritaires ne semblent-ils pas encore avoir réagi avec la rigueur attendue ? S’agit-il de lacunes juridiques ? D’une évaluation différée du danger réel que représentent ces comportements numériques ?

À la lecture de la plainte, la Ligue pointe directement la responsabilité des autorités judiciaires et policières, en s’étonnant du « non-engagement de poursuites contre l’individu concerné » alors que les faits sont « visibles et attentatoires à la sécurité juridique et à la dignité humaine ». Parmi ces faits : diffamation publique, incitation à la haine, atteintes aux bonnes mœurs, mais aussi des accusations très graves, telles que l’existence supposée de fosses communes ou l’annonce non vérifiée de la mort d’un commandant territorial dans des « circonstances suspectes ».

Cela soulève une question fondamentale : où placer aujourd’hui la limite entre la liberté d’expression et la violation flagrante de la loi ? Jusqu’où peut-on tolérer des propos qui sèment le trouble, au nom du droit à l’opinion ? Et ce silence judiciaire ne risque-t-il pas de conforter l’opinion publique dans l’idée qu’il existe un traitement inégal ou des passe-droits ?

La gravité de cette situation ne réside pas uniquement dans les allégations proférées, mais dans leur impact cumulatif sur une société encore vulnérable à la désinformation numérique. Accuser, sans preuve, l’existence de fosses communes revient non seulement à nuire à la réputation des institutions, mais aussi à déstabiliser les efforts du Maroc en matière de justice transitionnelle et de droits humains.

Ne faudrait-il pas que la justice traite ces accusations avec le sérieux qu’elles méritent ? Soit en les vérifiant minutieusement pour informer clairement l’opinion publique, soit en sanctionnant fermement la propagation de fausses informations qui nuisent à la paix sociale. Car, à défaut d’intervention, c’est la culture de l’impunité qui se consolide, au détriment de la cohésion nationale.

D’un autre côté, la lettre de la Ligue interpelle la Direction générale de la sûreté nationale, appelant à une application stricte de la loi, « sans favoritisme ni sélection ». Si cette perception de laxisme s’installe, elle risque de miner la crédibilité des institutions et d’alimenter un climat de méfiance généralisée.

La lettre se conclut par un avertissement de taille : ignorer de tels comportements envoie un signal négatif à l’opinion publique, affaiblit la confiance dans l’État de droit et encourage les dérives numériques. Sommes-nous alors face à un véritable test de la capacité de l’appareil judiciaire marocain à faire face à la criminalité numérique ? Ou bien cette affaire est-elle plus complexe qu’elle ne paraît, liée à des considérations politiques ou sécuritaires encore non révélées ?

Ce dossier relance une interrogation plus large : l’État marocain dispose-t-il aujourd’hui d’outils suffisamment adaptés pour se protéger des nouvelles menaces – celles qui ne viennent pas de l’extérieur, mais se fabriquent de l’intérieur, dans l’espace virtuel, au nom d’une liberté d’expression dévoyée ?

Et quelle sera la réponse de la société civile face à cette affaire, à l’heure où l’intégrité numérique devient un enjeu central de souveraineté et de stabilité sociale ?

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