samedi, avril 19, 2025
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« Joha » est un miroir, pas une victime

Nous avons reçu à Maroc Maintenant ce texte littéraire et symbolique du Dr Abdessalam Fazzazi, professeur à l’Université Ibn Zohr d’Agadir.

Ce n’est pas une simple méditation nostalgique sur Joha, personnage du folklore arabe, mais une réflexion critique, acerbe, sur l’état du monde arabe et islamique à travers une grille de lecture existentielle et culturelle.

Comme à notre habitude, nous republions ce texte dans une forme remaniée, fidèle à notre ligne éditoriale : sortir de la presse classique pour interroger autrement le réel.

Combien de Joha nous poursuivent dans le monde arabe et islamique ?

Par Dr Abdessalam Fazzazi – Université Ibn Zohr, Agadir

Depuis longtemps, les aventures de Joha m’attirent – et ces derniers temps, elles m’habitent plus que jamais. Dans ma solitude choisie, je les revis non pas comme des contes populaires usés, mais comme des éclats de réalité camouflés.

Et si, en fin de compte, Joha n’était pas une caricature, mais un symbole ? Et si le grotesque qu’il incarne n’était que le miroir d’un absurde quotidien qui nous engloutit ?

Je suis chaque jour plus convaincu que le « merveilleux » n’est plus un simple registre littéraire, mais une manière d’être, d’exister. L’improbable est devenu norme. Le vide, une valeur. Et nous sommes souvent contraints de faire passer nos émotions, nos pensées — ce qu’il en reste — à travers un langage banal, recyclé, préfabriqué, jusqu’à l’évanouissement.

Joha, lorsqu’on lui demandait : « Où est ton oreille ? », tendait la main vers l’oreille opposée, loin de la logique immédiate.

Était-il idiot ? Non. Il tournait le dos au prévisible. Il défiait l’évidence. Il savait que la stupidité réside dans la question, pas dans sa réponse.

C’est cette capacité à subvertir le banal, à ridiculiser la logique molle, qui manque à nos sociétés. L’indignation profonde ne doit pas rester silencieuse. Nous devons refuser l’endormissement, la copie, la répétition.

Comme le disait Antonio Machado : « Le monde est vaste, et ses portes sont grandes ouvertes pour qui veut entrer ou sortir, sans peur du trésorier. »
Sinon, nous deviendrons ces êtres tristes qui, venus aider à enterrer leur mère, s’enfuient avec la pelle…

Conclusion : Joha n’est pas un fou, c’est notre double ironique

Joha, dans la lecture du Dr Fazzazi, n’est pas le sujet de la moquerie populaire. Il est le révélateur de nos impasses collectives, l’icône d’un monde figé dans l’absurde.

Et si la vraie question n’était pas : « Où est ton oreille, Joha ? », mais plutôt :
Combien de Joha dorment en chacun de nous ?

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