jeudi, août 28, 2025
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« Le monde de la jeunesse marocaine : entre chômage et marge politique – un rapport révèle les grands défis »

À l’occasion de la Journée internationale de la jeunesse, la Ligue marocaine pour la défense des droits de l’homme a choisi de présenter au grand public un rapport complet sur la situation des droits des jeunes au Maroc. Ce rapport, qui peut sembler à première vue un document technique, ouvre en réalité la porte à une lecture politique et sociale approfondie, reflétant la situation d’une génération confrontée à une grande paradoxe : un poids démographique important et des opportunités potentielles, face à une fragilité structurelle et un accès limité aux droits fondamentaux.

Une crise prolongée au-delà des chiffres

Le rapport souligne les taux élevés de chômage parmi les jeunes et la généralisation de l’emploi précaire dans le secteur informel, tout en rappelant les dysfonctionnements persistants dans le système éducatif et de formation : surpeuplement des classes, décrochage scolaire, inadéquation entre la formation et le marché du travail.

Ces chiffres ne traduisent pas seulement un déséquilibre technique dans les politiques publiques, mais révèlent un échec structurel dans l’investissement du capital humain, alors même que la jeunesse devrait constituer un levier de développement.

On observe par ailleurs qu’une grande partie du discours officiel se caractérise par un optimisme prononcé et de grandes promesses, alors que la réalité sur le terrain montre le contraire dans des domaines essentiels tels que l’éducation, la santé et l’emploi. Tandis que le gouvernement évoque des réformes structurelles, le citoyen ordinaire reste souvent incapable d’accéder à des services essentiels de qualité acceptable.

La question se pose donc : sommes-nous face à des politiques planifiant des résultats à long terme, ou à une simple gestion quotidienne des crises ?

Ce contraste entre les ambitions proclamées et les résultats effectifs alimente un climat de méfiance. Le citoyen qui entend parler du « nouveau modèle de développement » ne constate pas d’impact concret dans sa vie quotidienne, que ce soit en termes d’amélioration des opportunités d’emploi ou de garantie de justice sociale. Malgré les discours politiques sur le « décollage économique », la réalité reflète lenteur dans la mise en œuvre et absence de clarté dans les priorités.

Participation politique : le grand absent

De plus, l’absence de canaux efficaces de communication entre décideurs et société accentue le fossé. Les décisions sont souvent prises dans des cercles fermés et présentées au public comme des réalisations concrètes, sans débat sociétal large ni évaluation réelle de leur efficacité. Cette méthodologie rend le discours politique déconnecté de la dynamique sociale, et parfois même en contradiction avec les aspirations citoyennes.

Parmi les constats les plus frappants, le rapport note le désintérêt croissant des jeunes pour la participation politique : faible inscription sur les listes électorales, présence limitée dans les instances élues et quasi-absence dans les structures décisionnelles des partis. La question est donc : s’agit-il d’un désintérêt volontaire ou d’une désillusion face à des institutions qui ne convainquent plus de l’utilité de l’engagement ?

Questions silencieuses… mais brûlantes

Le rapport aborde également des problématiques souvent tus :

  • Santé mentale : pénurie importante de médecins et de personnels spécialisés.

  • Addictions : consommation accrue de drogues et de substances médicamenteuses chez les jeunes.

  • Migration irrégulière : la mer devient un rêve ouvert pour des milliers de garçons et filles en quête d’un horizon différent.

  • Discours de haine et racisme : indicateurs préoccupants de fragilité des valeurs dans un contexte de numérisation et de division sociale.

Ces enjeux ne peuvent être considérés comme des phénomènes isolés, mais comme des signes d’une crise profonde dans le contrat social entre l’État et la jeunesse, ce que le rapport de la Ligue souligne clairement, avertissant contre les conséquences d’une inaction prolongée.

Recommandations… et questions en suspens

Dans sa conclusion, la Ligue marocaine pour la défense des droits de l’homme propose une série de recommandations stratégiques :

  • Activation du Conseil consultatif de la jeunesse et du travail associatif.

  • Réforme de l’éducation et lien renforcé avec le marché du travail.

  • Intégration des jeunes dans les institutions élues et les structures partisanes.

  • Renforcement de la santé mentale et lutte contre les addictions.

  • Développement des infrastructures culturelles et sportives.

  • Intégration de l’éducation environnementale et numérique dans les programmes scolaires.

Mais la question centrale demeure : sommes-nous face à une simple liste de bonnes intentions destinée à s’ajouter aux plans antérieurs, ou à un véritable moment de prise de conscience sur la nécessité de sauver une génération qui risque de perdre confiance en son avenir au sein de son pays ?

Conclusion

Le Maroc se trouve aujourd’hui à un moment crucial. Il devient difficile de poursuivre un discours déconnecté de la réalité. Si la pratique politique ne s’adapte pas aux aspirations des citoyens, le fossé de confiance continuera de s’élargir, avec les risques que cela comporte pour la stabilité sociale et politique.

Le rapport de la Ligue marocaine pour la défense des droits de l’homme n’est pas seulement un document juridique. Il constitue un signal d’alarme, rappelant que le développement durable au Maroc ne pourra être atteint que si la jeunesse est investie en tant que partenaire réel dans l’élaboration des politiques et la prise de décision, et non réduite à un rôle symbolique lors des campagnes électorales ou des discours officiels.

Entre chômage, désintérêt politique, addictions et migration irrégulière, les jeunes Marocains ont besoin d’un projet national global qui les place au centre de l’équation du futur, garantissant leurs droits à la participation, à la dignité et à la justice sociale.

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