lundi, juillet 28, 2025
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Démenti judiciaire éteint une « colère supposée » : qui alimente la tension entre la justice et le ministre ?

À une époque où certaines plateformes médiatiques préfèrent le sensationnel à la vérité, un titre accrocheur peut précéder les faits, et semer une tension fictive entre des institutions constitutionnelles, sans fondement réel.

C’est exactement ce qui s’est produit lorsque des rumeurs ont circulé sur un prétendu « état d’alerte judiciaire » à la suite de déclarations attribuées au ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, avant qu’une source judiciaire fiable ne démente formellement cette information.

Dans un appel téléphonique accordé au journal Maghreb ALAAN, le juge Mohamed Redouane, président de l’Association Hassania des magistrats, a catégoriquement nié les informations selon lesquelles les juges se préparaient à une réunion d’urgence ou à exprimer une « colère collective », qualifiant ce qui a été diffusé largement par un grand site marocain – considéré comme une référence pour la presse internationale – de « peu précis ».

Il a affirmé que l’association n’avait accordé aucune importance à ces déclarations et qu’aucune réunion ne serait tenue à ce sujet.

Sommes-nous face à une fabrication d’un « état d’alerte médiatique » ?

Les propos de Redouane, posés mais fermes, démolissent le récit tentant de dessiner les contours d’une crise silencieuse entre l’appareil judiciaire et le ministère de la Justice.
Pourquoi donc certaines plumes s’empressent-elles d’anticiper les positions officielles et de les présenter au public comme des vérités incontestables ?

Et peut-on réellement évoquer une « colère des juges » sans aucun communiqué officiel ni même une fuite crédible émanant de l’appareil judiciaire ?

Fait notable : la source de l’information ne mentionne ni noms, ni documents, ni déclarations officielles, se contentant d’un rapport suggérant une « ébullition » au sein de la magistrature, ce qui a entraîné une vague de commentaires et d’interprétations émotionnelles sur les réseaux sociaux.

Quand la précipitation éditoriale nuit à l’image de la justice

La justice n’est pas une institution comme les autres : elle est l’arbitre, non une partie.
Le traitement journalistique de ses affaires doit donc être guidé par un sens aigu de rigueur, de vérification et d’équilibre.

Promouvoir un « conflit » entre les juges et le ministre de la Justice, sans éléments tangibles, ne nuit pas uniquement à Abdellatif Ouahbi, mais sape également l’image même de la justice, et ouvre la voie à des interprétations douteuses sur son indépendance ou son impartialité.

Le message derrière le démenti

Les propos du président de l’association n’étaient pas qu’un simple démenti : ils portaient aussi un message implicite.

La justice marocaine n’est pas gouvernée par les émotions, et ne se laisse pas instrumentaliser dans des rivalités politiques ou des campagnes médiatiques.

Cette position rigoureuse peut être perçue comme un rappel à l’ordre à l’adresse des organes de presse, quant à leur responsabilité éthique dans le traitement de dossiers aussi sensibles.

En conclusion : qui sème des tempêtes imaginaires ?

Il serait peut-être temps de rouvrir le débat sur la relation entre les médias et les institutions, non sous l’angle de la « liberté d’expression », mais sous celui – plus pernicieux – de la « liberté de fabrication », parfois dissimulée sous le masque de l’analyse.

Car toute information séduisante n’est pas nécessairement une vérité. Et tout titre tonitruant ne reflète pas une réalité solide.

À l’heure où le post se confond avec la déclaration, et l’opinion avec l’analyse, le devoir du journaliste – plus que jamais – est de se demander : ce que j’écris éclaire-t-il la vérité, ou bien la brouille-t-il ?

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