lundi, juillet 28, 2025
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Abdellatif Ouahbi face aux « fuites de Jabrout » : un discours de défense dans un climat de défiance

Au cœur de la tourmente suscitée par les révélations dites « fuites de Jabrout » concernant une prétendue fraude fiscale liée à la donation d’un bien immobilier par le ministre de la Justice Abdellatif Ouahbi à son épouse, ce dernier a choisi de s’exprimer longuement dans un entretien exclusif accordé au site marocain Hespress.

Son intervention vise à clarifier sa position juridique et morale dans cette affaire qui continue de fragiliser son image politique.

Une lecture du discours du ministre : défense ou gestion de crise ?

Ouahbi a ouvert son propos en insistant sur l’importance de l’intégrité et de la transparence, affirmant que l’affaire de la propriété ne remet pas en cause sa probité personnelle, mais serait plutôt une opération de « manipulation » et de « politisation » orchestrée par des parties internes et externes à la scène politique, cherchant à perturber son action et sa carrière. Sa ligne de défense s’articule autour de plusieurs axes :

  • Un démenti clair de toute accusation d’évasion fiscale, soulignant que le don fait à son épouse s’inscrit dans un cadre légal, et que la valeur déclarée du bien (un million de dirhams) correspond à une évaluation personnelle, sans transaction commerciale ni bénéfice réalisé.

  • Le refus de toute responsabilité quant aux fuites et aux accusations issues de sources qu’il qualifie d’extérieures au pays, utilisant des outils de « politisation ».

  • Un appel à la vérification complète des documents, plutôt qu’à la diffusion de fuites partielles visant à ternir sa réputation.

Contradictions et enjeux dans le discours

Malgré sa défense, le discours du ministre soulève plusieurs interrogations, notamment dans le contexte politique et médiatique marocain :

  • Comment peut-on évaluer légalement et objectivement la valeur du bien immobilier, surtout en présence d’hypothèques bancaires importantes liées au même bien ? Est-il crédible de déclarer une valeur très inférieure sans susciter de problèmes légaux ou fiscaux ?

  • Le statut de « don » exonère-t-il le donateur d’un contrôle fiscal strict, ou est-il soumis à une surveillance rigoureuse des autorités compétentes ?

  • L’exploitation politique de ces fuites par les opposants traduit-elle une crise plus profonde dans la compétition partisane ? Quel impact cela a-t-il sur la confiance des citoyens dans les institutions ?

Politique et médias : la résilience du ministre face à l’attaque ou un poids croissant ?

Les déclarations de Ouahbi illustrent la manière dont les hommes politiques marocains tentent de gérer les crises qui mettent leur image à rude épreuve, en adoptant un discours justificatif visant à rétablir la confiance face à une « guerre des fuites » alimentée par les réseaux sociaux et les adversaires politiques.

Mais la question clé demeure : ce discours suffira-t-il à apaiser l’opinion publique et à conforter la position du ministre au sein du gouvernement et de son parti, ou ne s’agit-il que d’une tentative d’éviter une crise plus profonde pouvant mettre en péril sa carrière ?

Entre humanité et politique : le dossier migratoire comme étude de cas

Le ministre n’a pas éludé un sujet sensible, celui des migrants africains au Maroc, profitant de l’entretien pour affirmer une position humaniste, rejetant fermement toute forme de violence ou d’arrestation arbitraire, tout en rappelant la responsabilité de l’État dans ce domaine.

Cet aspect témoigne d’une tentative de restaurer son image auprès de l’opinion publique en s’emparant d’une cause sociale sensible. Reste à savoir si cette posture découle de convictions personnelles ou s’inscrit dans une stratégie politique de gestion de crise et d’image.

Conclusion : le discours politique à l’ère des « fuites » et du face-à-face médiatique

L’affaire des « fuites de Jabrout » dépasse largement le cadre d’un simple litige fiscal ou judiciaire. Elle reflète des crises plus larges du paysage politique marocain : l’intégrité des responsables, l’intensité de la compétition politique, la liberté d’expression et la responsabilité des nouveaux médias.

Le ministre de la Justice Abdellatif Ouahbi, par son entretien avec Hespress, a tenté d’apporter des réponses destinées à calmer la tempête, mais son intervention met aussi en lumière la fragilité de la confiance entre le politique et le citoyen, posant un défi majeur à l’État et aux institutions pour renforcer la transparence et garantir une vraie reddition de comptes, loin des luttes partisanes.

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