De Murcie à la Catalogne, de Torre Pacheco à Piera, les Marocains d’Espagne ont vécu ces derniers jours des scènes d’une rare violence, rappelant les heures les plus sombres de la xénophobie en Europe.
Attaques ciblées, appels à la haine, incendies volontaires, menaces explicites sur les réseaux sociaux : une situation explosive… face à laquelle les autorités marocaines demeurent muettes.
À Torre Pacheco, les violences éclatent
Dans la ville de Torre Pacheco (Murcie), plusieurs Marocains ont été agressés lors d’attaques organisées par des groupes extrémistes, armés de bâtons et de pierres.
Leur cible : des maisons et commerces appartenant à des Marocains, accusés – sans preuves officielles – d’avoir agressé un vieil Espagnol.
Malgré l’intervention de la Guardia Civil, plusieurs blessés sont à déplorer. Pourtant, aucune déclaration n’a été publiée par les autorités marocaines, ni du ministère des Affaires étrangères, ni des consulats.
Des appels à la « guerre » circulent sur les réseaux
Plus inquiétant encore : des vidéos circulant sur des comptes liés à l’extrême droite appellent à lancer une « guerre sanglante contre les Marocains », dès le 19 juillet.
Ces menaces ont semé la panique au sein des quartiers où la communauté marocaine est nombreuse, notamment dans les régions de Murcie et de la Catalogne.
Un centre islamique attaqué près de Barcelone
Dans ce climat tendu, un centre islamique de la ville de Piera (près de Barcelone) a été attaqué et incendié dans la nuit.
Les autorités soupçonnent un acte de vengeance motivé par l’islamophobie, dans un contexte marqué par la montée des discours de haine.
Cet incident ravive la mémoire du meurtre de Younes Bilal, jeune Marocain tué par balles à Murcie en 2021, par un extrémiste criant des slogans racistes.
D’autres événements troublants, comme la pose de têtes de porc devant des mosquées, rappellent le niveau de tension.
La plus grande communauté étrangère, mais vulnérable
Avec plus de 1,1 million de ressortissants, les Marocains forment la plus importante communauté étrangère en Espagne.
Depuis 2018, plus de 261 000 Marocains ont obtenu la nationalité espagnole, tout en restant parfois juridiquement piégés entre les deux pays : l’Espagne exige l’abandon de la nationalité d’origine, que le Maroc, lui, ne reconnaît pas.
Un vide institutionnel du côté marocain
Face à ces violences et menaces, l’Union des communautés islamiques d’Espagne a appelé le gouvernement à agir rapidement pour protéger les centres religieux et les citoyens musulmans, et à poursuivre les auteurs de discours de haine.
Mais côté marocain, le silence est total.Ce mutisme interroge. Où est la diplomatie ? Où sont les canaux de protection ? Les Marocains de l’étranger sont-ils considérés uniquement comme une source de devises ?
Un appel à une réaction rapide, avant qu’il ne soit trop tard
La menace d’un passage à l’acte le 19 juillet est prise très au sérieux.
La communauté marocaine ne peut rester seule face à la haine. Il est urgent que Rabat prenne position fermement, que les consulats activent leurs cellules de crise, et que les responsables politiques réaffirment leur devoir de protection.
Car ces citoyens, au-delà des chiffres économiques, représentent un capital humain et stratégique, qu’aucun État ne devrait abandonner.
