jeudi, novembre 13, 2025
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Un médicament à 580 dirhams en Turquie… vendu à 5266 dirhams au Maroc : Qui profite de cet écart de prix ?

Qui fixe les prix… et qui en paie le coût ?

Dans une contradiction flagrante, des médicaments essentiels sont vendus en Turquie à 580 dirhams (environ 60 dollars), alors que leur prix atteint 5266 dirhams au Maroc.

Dans des déclarations antérieures, l’ancien ministre de la Santé a mis en évidence l’écart flagrant des prix des médicaments, soulignant qu’il ne s’agit pas d’une simple cupidité individuelle, mais bien du résultat d’une politique de tarification complexe impliquant plusieurs acteurs : des distributeurs aux producteurs, en passant par les services administratifs chargés de la fixation des prix.

Transparence absente… et cupidité possible

Selon des données officielles du ministère marocain de la Santé et de sources économiques nationales, le gouvernement a lancé depuis 2023 une réforme du système de tarification des médicaments, visant à baisser les prix de 5 350 produits pharmaceutiques, dans un programme qui s’étend jusqu’en 2027.

Mais les doutes persistent : comment expliquer un écart pouvant atteindre huit fois le prix turc ? Et surtout, qui tire profit de cet écart ?

  • Des lobbys puissants, comme les réseaux de distribution locaux et des quasi-monopoles, contrôlent le marché.

  • Les syndicats de pharmaciens expriment leur inquiétude quant à la baisse des prix, craignant une menace pour la survie des officines de quartier.

  • Des entités bénéficient de l’importation de matières premières subventionnées, sans que cela ne se traduise par une baisse réelle des prix pour le citoyen.

Impact sur le citoyen… mais qui ose se soigner ?

Face à cet écart, les souffrances des patients, notamment ceux atteints de maladies chroniques, se multiplient. Bien que l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO) ait été élargie, nombreux sont les Marocains qui ne peuvent pas couvrir leurs frais médicaux, soit par manque de couverture, soit à cause de taux de remboursement élevés imposés par les assurances (jusqu’à 50 % du coût).

La colère de la société civile a atteint son paroxysme : plus de 600 médicaments ont été signalés comme indisponibles sur le marché en raison de politiques de distribution opaques et d’un manque de stocks stratégiques.

Une mécanique complexe : de la loi à la mise en œuvre

La réforme juridique existe : un nouveau décret (n° 1447.24) publié en mai 2024 instaure une tarification transparente couvrant les médicaments locaux et importés. Il a été annoncé que tous les acteurs (pharmaciens, laboratoires, caisses sociales) ont été impliqués dans plus de 30 réunions consultatives.

Cependant, l’application concrète reste éloignée des discours officiels, confirmant que le passage de la loi à la pratique se heurte aux conflits d’intérêts et au manque de mécanismes de contrôle efficaces.

Le contexte international : des leçons à tirer

La Turquie, par exemple, a réduit les prix des médicaments par une négociation directe entre les autorités sanitaires nationales et les entreprises pharmaceutiques, adoptant un modèle de gouvernance inspiré de la France, qui équilibre valeur thérapeutique et prix de marché.

Au Maroc, l’Autorité Supérieure de la Santé (HAS) n’a pas encore reçu le pouvoir de négocier directement les prix, bien que les textes de la réforme prévoient de lui accorder cette prérogative à l’avenir.

Justice médicamenteuse… vers un “médicament pour tous”

Dans le discours médiatique national et international, la crise des médicaments est perçue comme un enjeu de dignité nationale. Le droit au médicament devrait être un pilier de justice sociale, et non une source de profit privé.

Mais jusqu’à aujourd’hui, les politiques publiques semblent déconnectées de toute solidarité sociale :

  • Les retenues sur les indemnités parlementaires ne sont pas conditionnées à leur engagement réel dans les dossiers qui touchent les citoyens, comme celui des médicaments.

  • Même avec une couverture étendue à 80 % de la population, l’accès aux traitements à des prix raisonnables reste un défi majeur.

Conclusion de l’enquête :

Le citoyen marocain doit se poser la question : qui fixe le prix de mes médicaments ? Pourquoi suis-je en concurrence internationale alors que, chez moi, je ne peux pas les acheter ?

Le Maroc a urgemment besoin d’une transparence effective et d’un contrôle indépendant, pour équilibrer les intérêts économiques et le droit fondamental à la santé.

Parler de réformes légales jusqu’en 2027 ne suffit pas : il faut une mise en œuvre immédiate et un suivi sociétal rigoureux, pour que le médicament redevienne un droit, et non un luxe.

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