dimanche, juillet 27, 2025
AccueilActualités"Le vote de la Knesset sur l’annexion de la Cisjordanie : fin...

« Le vote de la Knesset sur l’annexion de la Cisjordanie : fin réelle de la solution à deux États ou manœuvre interne pour apaiser la rue israélienne ? »

Dans une démarche qualifiée de « déclarative et non juridique », 71 membres de la Knesset israélienne ont soutenu une proposition visant à étendre la souveraineté israélienne à la Cisjordanie, y compris la vallée du Jourdain — territoires occupés depuis 1967.
Bien que la décision n’ait aucune portée juridique contraignante, sa portée symbolique et politique en fait l’un des tournants les plus graves du projet sioniste contemporain. Elle révèle, en creux, une crise plus profonde au sein du système international, toujours incapable d’imposer le respect des résolutions onusiennes.

Symbolisme et réalité : que signifie une « décision sans force de loi » ?

Malgré son caractère non contraignant, le vote porte des implications politiques majeures. Il s’inscrit dans une dynamique d’hébraïsation et de normalisation forcée du paysage géopolitique des territoires occupés.
Le simple fait que cette proposition ait été adoptée par la majorité parlementaire constitue un reconnaissance institutionnelle de la possibilité de franchir les lignes rouges du droit international.

Cette fois, l’annexion ne passe pas par une déclaration officielle, comme ce fut le cas pour Jérusalem-Est ou le plateau du Golan, mais par ce qu’on peut qualifier de « processus d’annexion symbolique et progressive », construisant une légitimité fictive en préparation de mesures futures plus radicales.

Derrière la proposition : montée du nationalisme religieux et effacement du processus de paix

Ce qui interpelle, c’est l’origine de la proposition : des députés issus de l’extrême droite israélienne — notamment du parti « Puissance juive » et de la « Sionisme religieux », avec le soutien du Likoud.
Cela révèle une mutation structurelle d’Israël : d’un État qui prétendait gérer une occupation provisoire à un État qui institutionnalise un projet d’annexion totale. Le récit historique est réécrit sur la base d’une conviction idéologique : la Judée et la Samarie font partie intégrante de la « patrie juive ».

Dans ce contexte, la solution à deux États a disparu même comme outil rhétorique. En juillet 2024, la Knesset a voté contre la création d’un État palestinien, en violation flagrante des résolutions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale de l’ONU, notamment la résolution 2334 (2016) condamnant la colonisation.

Double discours israélien : la sécurité comme prétexte, l’expansion comme finalité

Le discours justifiant l’annexion repose sur trois piliers :

  1. La menace sécuritaire postérieure au 7 octobre 2023 ;

  2. Le rejet consensuel d’un État palestinien ;

  3. La nécessité de consolider la souveraineté juive sur la « terre historique ».

Mais ce narratif masque une contradiction profonde : Israël se présente comme une démocratie respectueuse du droit international, tout en accumulant des violations documentées du droit international humanitaire, telles que le déplacement forcé des populations, l’expansion des colonies et l’usage excessif de la force.

Des organisations comme Human Rights Watch, Amnesty International et le Conseil des droits de l’homme de l’ONU ont publié à maintes reprises des rapports dénonçant ces pratiques.

Comparaison avec d’autres cas d’annexion : un précédent banalisé ?

Alors que l’annexion par la force est explicitement interdite par l’article 2 de la Charte des Nations unies, le droit international n’a pas réussi à sanctionner Israël.
On se souvient que l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014 ou celle du Koweït par l’Irak en 1990 ont entraîné des sanctions internationales immédiates et sévères.
À l’inverse, les pratiques israéliennes se poursuivent dans un silence complice, en particulier de la part de grandes puissances occidentales, qui appliquent le droit international à géométrie variable.

Contexte régional et international : condamnations verbales et normalisation continue

Malgré les condamnations arabes attendues, les évolutions régionales affaiblissent toute réponse collective effective face aux politiques d’annexion.
Certaines puissances arabes se sont engagées dans une normalisation sans condition avec Israël, en contradiction avec l’Initiative de paix arabe de 2002, qui conditionnait la normalisation à la fin de l’occupation.

Sur le plan international, le Conseil de sécurité reste paralysé par le veto américain, tandis que l’ONU se limite à des communiqués et mises en garde. Le dernier rapport de l’envoyé spécial de l’ONU pour la paix au Moyen-Orient (2024) a souligné que l’annexion et la colonisation sapent irrémédiablement les perspectives d’une solution à deux États.

De la Cisjordanie à Gaza : une stratégie de la terre brûlée

La décision d’annexion ne peut être dissociée de l’offensive militaire sur Gaza, qui a fait plus de 37 000 morts et blessés depuis octobre 2023, majoritairement des femmes et des enfants.
Il s’agit d’une reconfiguration forcée de la carte palestinienne, combinant le blocus de Gaza, la judéisation de Jérusalem, et l’annexion de la Cisjordanie, dans une dynamique qui anéantit définitivement toute possibilité de paix fondée sur deux États.

Conclusion : l’annexion symbolique, un nouveau clou dans le cercueil du processus de paix

Ce que nous vivons aujourd’hui n’est pas un simple vote parlementaire. C’est l’affirmation assumée d’une stratégie d’annexion rampante, pratiquée depuis des années.
Il ne s’agit pas de la fin d’un processus politique, mais de l’émergence d’un régime d’occupation permanente.

La question essentielle reste entière :
La communauté internationale agira-t-elle enfin pour protéger ce qu’il reste de la légalité internationale ?
Ou assisterons-nous à une nouvelle phase de normalisation avec une réalité d’apartheid et de colonisation durable ?

Articles connexes

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

- Advertisment -spot_imgspot_imgspot_imgspot_img

Les plus lus

Recent Comments