Le Théâtre Mohammed V de Rabat a accueilli la deuxième édition de « La Nuit de la Aïta », un événement qui continue de s’imposer comme un rendez-vous annuel incontournable célébrant l’un des plus anciens genres du chant populaire marocain.
La manifestation, marquée par une forte affluence du public, a offert un moment d’union intergénérationnelle autour d’un patrimoine vivant, dans une ambiance révélatrice de l’intérêt croissant pour la Aïta et de sa profonde résonance culturelle et sociale.
Le décor de la soirée fut soigneusement pensé pour évoquer l’univers rural marocain au sein même de la salle de spectacle. Une tente traditionnelle « khaïma », décorée d’accessoires inspirés de la vie à la campagne – selles, fusils anciens, ustensiles artisanaux –, a plongé le public dans une atmosphère immersive rappelant les régions comme Sidi Bennour ou le Haouz de Marrakech.
Le programme artistique a réuni trois générations de maîtres de la Aïta. La soirée a débuté avec le groupe « Lemkhalif », l’un des plus anciens ensembles de la Aïta du Haouz, suivie d’une performance remarquable de Abdou Jghalef, représentant de la nouvelle génération, avec des morceaux de la Aïta Zaâria. Enfin, Cheikh Jamal Zrhouni a présenté un segment dédié à la Aïta Abdiya, renforçant son statut parmi les figures emblématiques de ce genre musical.
La soirée a atteint son apogée avec l’artiste Hajib, dont la prestation envoûtante a été chaleureusement ovationnée par le public, confirmant l’attachement profond à ce style musical capable d’évoluer avec les goûts contemporains tout en préservant son authenticité.
Véritable figure de cette édition, la journaliste Mariam El Kassiri a animé les différentes séquences avec sa spontanéité légendaire et son élégance naturelle, démontrant une maîtrise affirmée et une présence professionnelle indéniable.
Dans une déclaration à cette occasion, le producteur Mohamed Saoudi, co-organisateur de l’événement aux côtés de l’artiste Hajib, a affirmé que « La Nuit de la Aïta » est devenue une initiative culturelle annuelle visant à redonner ses lettres de noblesse à l’art populaire marocain.
Il a également lancé un appel à étendre ce genre de manifestations à d’autres formes du patrimoine vivant marocain, telles que la Reggada dans l’Oriental, le « Chaâbi beldi » à Erfoud et Errachidia, la danse du sabre à Zagora, ou encore les « Branes » de Taza, autant de trésors culturels qui méritent d’être valorisés et protégés.