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Coupe d’Afrique 2025 & Mondial 2030 : Faut-il s’inquiéter des 150 milliards de dirhams annoncés par Fouzi Lekjaa ?

Le ministre délégué chargé du Budget, Fouzi Lekjaa, a récemment annoncé que les investissements liés à l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2025 et à la préparation de la Coupe du Monde 2030 atteindront environ 150 milliards de dirhams. Une somme colossale qui suscite autant d’espoir que d’interrogations sur son impact économique réel, ses sources de financement, et les précédents internationaux dans ce domaine.

Des investissements “stratégiques et durables” ?

Selon Lekjaa, ces dépenses ne devraient pas alourdir le budget de l’État, car elles reposent sur un modèle de partenariat public-privé innovant, notamment avec le Fonds de dépôt et de gestion (CDG) et la Société nationale de réalisation et de gestion des installations sportives. L’objectif affiché est un remboursement progressif sur 20 ans.

Les projets comprennent :

  • Des stades aux normes FIFA/CAF (notamment Rabat et Tanger).

  • Une nouvelle station de traitement d’eau potable de 2 milliards de m³.

  • Le développement des lignes de train à grande vitesse (TGV) entre Casablanca, Rabat, Tanger et les provinces du Sud.

Quels précédents internationaux ?

L’histoire des pays organisateurs de grands événements sportifs mondiaux montre des résultats économiques contrastés :

  • Brésil (Coupe du Monde 2014, JO 2016) : une explosion de la dette publique et des infrastructures sous-utilisées.

  • Afrique du Sud (CAN 1996, Coupe du Monde 2010) : peu d’impact durable, stades devenus coûteux à entretenir.

  • Qatar (Mondial 2022) : réussite sur le plan d’image, mais coût astronomique dépassant 220 milliards de dollars.

  • Espagne-Portugal-Maroc (préparation pour 2030) : pari régional ambitieux mais inédit.

Selon une étude de l’Université d’Oxford, 75 % des grands projets d’infrastructure liés à des événements sportifs mondiaux dépassent leurs budgets initiaux, parfois de plus de 100 %.

Quel impact réel pour le Maroc ?

L’enjeu est double :

  1. Éviter l’effet “éléphant blanc” de stades non rentabilisés.

  2. Garantir un effet d’entraînement économique réel et inclusif : emplois locaux, tourisme durable, infrastructures utiles au quotidien.

Mais la question reste : le citoyen marocain ressentira-t-il concrètement ces investissements ? Ou bien s’agira-t-il, comme ailleurs, de chantiers grandioses sans bénéfice direct pour la majorité ?

Conclusion : entre ambition nationale et vigilance démocratique

Il ne s’agit pas ici de critiquer l’ambition marocaine. Mais pour qu’elle soit partagée et soutenue, elle doit être accompagnée de transparence totale, d’évaluations indépendantes, et d’un débat public informé, loin des discours politiques lissés.

Les expériences internationales nous montrent que le succès ne dépend pas uniquement des chiffres annoncés, mais de la capacité à ancrer ces projets dans les réalités socio-économiques du pays, avec une gouvernance responsable et une presse vigilante.

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