vendredi, juillet 18, 2025
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Quand l’ouverture des frontières ne suffit pas : La relation maroco-espagnole face à la vague de haine

Entre partenariat officiel et hostilité quotidienne : quand l’opération « Marhaba » se heurte aux murs de l’extrémisme espagnol

Alors que les gouvernements marocain et espagnol s’efforcent de rassurer l’opinion publique et de dissiper les rumeurs sur l’avenir de leur relation bilatérale, de nombreux Marocains résidant en Espagne vivent une réalité bien différente de celle véhiculée par les discours officiels.

Au cœur de l’opération « Marhaba », censée incarner le rapprochement humain et logistique entre les deux rives de la Méditerranée, des citoyens marocains subissent insultes, provocations et agressions racistes de la part d’Espagnols extrémistes, opposés non seulement à la présence des Marocains, mais à toute forme de rapprochement avec le Maroc.

Les déclarations du ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, niant toute intention de fermer les postes douaniers de Ceuta et Melilla, constituent peut-être un message de réassurance diplomatique, mais elles ne dissipent pas les inquiétudes croissantes au sein des milieux médiatiques et associatifs marocains, face à la montée d’un discours haineux visant les Marocains. Ce discours trouve un écho préoccupant dans certaines formations politiques d’extrême droite en Espagne, prêtes à exploiter le moindre prétexte — même de simples mesures techniques de passage — pour attiser la peur et la haine.

« Des lectures erronées, ou motivées par une volonté de nuire à la bonne entente entre Rabat et Madrid. »
— José Manuel Albares

Le propos d’Albares ne constitue donc pas une simple mise au point technique, mais une déclaration politique de haut niveau, réaffirmant l’engagement espagnol dans un partenariat stratégique avec le Maroc, renforcé depuis le soutien explicite de Madrid au plan marocain d’autonomie au Sahara en 2022. Ce message peut être lu comme une double mise en garde : à la fois un geste d’apaisement envers Rabat, et un avertissement aux courants extrémistes internes à l’Espagne.

Cependant, malgré la portée de cette déclaration, elle ne suffit pas à calmer les craintes croissantes au sein de la communauté marocaine, notamment après les événements racistes survenus dans des villes comme Torre Pacheco, et face aux appels à la haine assumés de partis comme Vox, qui cherchent à instrumentaliser chaque épisode de l’actualité migratoire pour dresser la population contre les Marocains.

Si Rabat et Madrid ont convenu de donner la priorité au passage fluide des voyageurs durant l’été, cette coordination n’a pas empêché les regards suspicieux, les humiliations discrètes, et les discriminations sourdes sur le terrain. En réalité, ces fameuses « lectures erronées » dénoncées par Albares ne sont pas toujours spontanées, mais souvent activées par un discours politique bien organisé, qui rejette toute forme de rapprochement avec le monde arabo-maghrébin.

L’opération « Marhaba », l’une des plus grandes opérations logistiques transfrontalières au monde, ne doit pas se limiter à un comptage de voitures ou à une mesure de vitesse de traversée, mais constituer un test de maturité pour les relations bilatérales, et de leur capacité à garantir la dignité humaine des Marocains résidant en Europe — surtout quand ceux-ci deviennent des cibles faciles de l’agitation populiste.

Même si les rapports officiels qualifient aujourd’hui les relations entre Rabat et Madrid de « modèle de coopération », ce partenariat ne saurait être complet sans la garantie explicite de la protection juridique et sociale des Marocains en Espagne, et l’assurance qu’ils ne deviennent pas les boucs émissaires de chaque crise politique ou électorale.

Une relation stratégique ne peut prospérer sur les tables de négociation, tout en s’effondrant dans les rues espagnoles sous les coups de la haine et de la stigmatisation. Entre les frontières qui s’ouvrent sous coordination ministérielle, et les cœurs qui se ferment aux visages de la diaspora maghrébine, la vérité demeure douloureuse, souvent absente du langage diplomatique.

Conclusion :

Les propos de José Manuel Albares, bien qu’essentiels pour maintenir le cap stratégique des relations maroco-espagnoles, ne répondent pas à eux seuls aux questions fondamentales que pose la réalité quotidienne :

Jusqu’où Madrid est-elle réellement prête à aller — au-delà des mots — pour protéger les Marocains résidant sur son sol ? Les intérêts économiques et les projets transnationaux suffisent-ils à couvrir le vacarme croissant de la xénophobie ? Et « Marhaba », est-elle cette année encore une opération logistique… ou une occasion manquée de repenser en profondeur ce que signifie « être Marocain en Espagne » ?

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