Dans une initiative audacieuse et anticipative, l’Institution du Médiateur du Royaume a annoncé le lancement d’un programme national intitulé « Vers une administration de l’égalité », visant à reconstruire la relation entre l’administration publique et les citoyens sur la base des principes de la Constitution, de la justice, et des droits humains fondamentaux.
Cette annonce survient à un moment critique pour l’administration marocaine, qui souffre – selon les propres rapports de l’institution – de graves dysfonctionnements dans l’accès équitable aux services publics et de pratiques discriminatoires, explicites ou implicites, touchant plusieurs domaines vitaux tels que :
🔹 les régimes de retraite,
🔹 la couverture sociale et médicale,
🔹 les documents administratifs,
🔹 et les problématiques foncières.
Un programme ou une révolution institutionnelle ?
Le Médiateur, institution constitutionnelle dotée de plus de quinze années d’expérience, ne se contente plus de recevoir les doléances des citoyens. Il entre désormais dans une phase d’action proactive, avec l’ambition de revoir les cadres juridiques et procéduraux régissant les rapports administration-usagers.
Le programme vise à :
-
Réformer les textes de loi non alignés avec les principes d’égalité,
-
Supprimer les discriminations structurelles et bureaucratiques,
-
Instaurer la confiance citoyenne dans le service public,
-
Offrir une justice administrative équitable et accessible à tous.
Derrière les chiffres : quel impact réel ?
Le dernier rapport annuel fait état de plus de 7 200 plaintes reçues en 2023, soit une augmentation de 22 % par rapport à l’année précédente. Le taux de mise en œuvre des recommandations de l’institution a atteint un niveau record de 81,48 %, signe d’un changement notable dans la réceptivité des administrations.
Mais ces chiffres, aussi encourageants soient-ils, soulèvent une question essentielle :
Sommes-nous face à une évolution conjoncturelle ou à un véritable changement de culture administrative ?
Une administration génératrice d’inégalités ?
Le programme est né d’un constat alarmant : des formes multiples d’exclusion persistent dans les pratiques administratives quotidiennes. Cela va de la complexité des procédures à des décisions arbitraires, en passant par le traitement différencié selon le genre, l’âge ou la localisation géographique.
Ce projet s’inscrit dans la volonté royale de construire un État social, tel que défendu à plusieurs reprises par Sa Majesté le Roi Mohammed VI.
Une médiation qui redonne au citoyen sa place
Le Médiateur du Royaume est aujourd’hui reconnu pour son rôle transformateur :
-
Résolution de litiges fonciers,
-
Rectification d’injustices administratives,
-
Réformes dans les systèmes de pensions, d’allocations, et de couverture sociale.
De plus en plus, l’institution agit en force de proposition législative et juridique. Elle ne se limite plus à constater les dysfonctionnements, elle construit des solutions.
L’État répondra-t-il à l’appel ?
Malgré des avancées, certaines administrations tardent encore à coopérer ou à appliquer les recommandations. Cela pose la question de la portée juridique réelle du Médiateur, et de sa capacité à influer efficacement sur l’administration.
L’institution insiste donc sur l’approche participative : parlementaires, société civile, universitaires et syndicats sont appelés à enrichir ce programme, à travers des cycles de dialogue, de réflexion et de propositions concrètes.
Conclusion : Un pari sur la justice administrative
« Vers une administration de l’égalité » est bien plus qu’un slogan.
C’est le début d’une refondation administrative qui place la dignité humaine et l’équité au cœur de la gouvernance.
Et si l’administration est le miroir de l’État, ce programme entend polir ce miroir, jusqu’à y refléter un Maroc plus juste, plus humain, et plus confiant en ses institutions.