jeudi, juillet 10, 2025
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Libération des plages marocaines : Réaction saisonnière ou réforme structurelle ?

Les autorités locales de plusieurs villes côtières du Maroc ont entamé une campagne de « libération des plages » pour mettre fin à l’occupation illégale du domaine public maritime, principalement par des individus qui exploitent les plages pour la location de parasols et de chaises, souvent sans autorisation ni cadre réglementaire clair.

Parmi les zones concernées figurent notamment la plage Restinga à M’diq ou encore la plage d’Aïn Diab à Casablanca. Ces interventions, saluées par de nombreuses associations civiles, visent à redonner aux plages leur statut d’espaces publics accessibles à tous.

Mais une question essentielle se pose : assiste-t-on à un véritable changement dans la gouvernance du littoral, ou simplement à une opération de surface dictée par la pression estivale ?

Une problématique ancienne, mais persistante

Le phénomène d’occupation anarchique des plages n’est pas nouveau. Il résulte d’un manque chronique de régulation des activités économiques saisonnières, aggravé par l’absence d’une politique claire d’organisation du domaine public côtier.

Dans ce vide réglementaire, certains individus transforment illégalement les plages en zones commerciales privées, imposant des tarifs aux estivants pour l’usage d’un parasol ou d’une chaise. Ce type de pratique nuit directement à l’image du Maroc, notamment à l’approche de grands événements touristiques et sportifs internationaux.

Les cahiers des charges : entre normes écrites et réalités de terrain

Dans une déclaration à la presse, Malika Mzour, adjointe au maire de Casablanca chargée des affaires économiques, a rappelé que la plage d’Aïn Diab est régie par un cahier des charges strict, interdisant l’anarchie et imposant des conditions d’exploitation précises, notamment l’uniformisation des équipements et le respect de la propreté.

Cependant, cette structuration ne couvre qu’une partie de la plage : les zones non soumises à ce cahier restent livrées à une exploitation informelle, et les mécanismes de contrôle y sont souvent insuffisants ou ponctuels.

La société civile appelle à une régulation plus cohérente

Ali Chtour, président de l’Association marocaine de défense des droits des consommateurs, a souligné la nécessité d’harmoniser les réglementations à l’échelle nationale et de repenser l’usage des plages dans une logique d’intérêt général.

Pour lui, l’esthétique, l’accessibilité et la justice d’usage doivent primer sur les logiques commerciales individuelles, souvent source de désordre et d’inégalités.

L’inspiration internationale : quelles leçons tirer ?

Des pays comme l’Espagne, la Tunisie ou le Portugal ont mis en place des systèmes de concessions saisonnières encadrées, avec cahiers des charges publics, contrôles réguliers, et sanctions claires en cas d’infraction.
Ces expériences montrent qu’il est possible de concilier activité économique estivale et respect du domaine public, à condition d’un cadre institutionnel rigoureux et transparent.

Conclusion : une opportunité pour refonder la gestion du littoral

La campagne actuelle de libération des plages est un signal positif. Mais elle ne suffira pas sans une vision politique plus large, intégrant les communes, les associations locales et les services de l’État dans une stratégie nationale de valorisation du littoral.

Le vrai défi n’est pas d’évacuer les parasols illégaux pour l’été, mais de construire un modèle durable de gestion des plages marocaines, fondé sur la transparence, l’équité et la participation citoyenne.

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