mercredi, juillet 9, 2025
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Le “Hologramme d’Abdel Halim” au Festival Mawazine : Quand l’hommage frôle la profanation de l’héritage artistique

Ce qui devait être une célébration technologique et artistique de la mémoire du chanteur légendaire Abdel Halim Hafez au Festival “Mawazine – Rythmes du monde” s’est transformé en crise symbolique, juridique et éthique, suite aux vives critiques de la famille du défunt et à l’annonce d’actions en justice contre les organisateurs.

L’événement : hommage numérique ou caricature ?

Le spectacle présenté sur la scène du Théâtre National Mohammed V à Rabat, conçu autour d’un hologramme du “Rossignol brun”, devait marquer un moment fort de cette 20e édition. Toutefois, pour la famille et de nombreux admirateurs, le résultat s’est apparenté à une parodie indigne de la stature de l’artiste, tant au niveau de l’apparence que des effets visuels.

Mohamed Chabana, neveu d’Abdel Halim, s’est indigné publiquement :

“Ce qu’on a vu n’était pas Abdel Halim… Ils l’ont transformé en clown. C’est une offense, une atteinte à sa mémoire artistique et à nos droits moraux et patrimoniaux.”

Il a affirmé que la famille n’avait accordé aucune autorisation d’exploitation de son image ou de sa voix, dénonçant une violation manifeste du droit de la propriété intellectuelle.

Structure du conflit : droits d’image, exclusivité et litiges transnationaux

La société technologique XtendVision, spécialisée dans les concerts en hologramme, a annoncé avoir entamé des poursuites contre l’association Maroc Cultures, organisatrice de Mawazine, pour usage illégal d’un contenu artistique protégé, affirmant détenir l’exclusivité des droits via un mandat officiel des héritiers de l’artiste.

XtendVision devait à l’origine produire le spectacle officiel, mais s’est retirée suite à ce qu’elle qualifie de “conditions techniques et logistiques inacceptables” : salle inadaptée, délais de préparation trop courts, et finalement, remplacement de son produit par un autre jugé non conforme et déjà disqualifié auparavant.

Face à cela, la société prévoit d’engager des poursuites au Maroc, en Égypte et aux Émirats arabes unis, avec des réclamations financières pouvant atteindre un million de dollars, qualifiant l’incident de “manquement grave au respect du patrimoine artistique arabe”.

Un symptôme d’un mal plus profond ?

Ce scandale n’est pas isolé. Il s’inscrit dans un contexte général de critiques croissantes sur la gestion de l’édition actuelle du festival. Le public et les professionnels évoquent une programmation désordonnée, des retards répétés, des lacunes techniques, une explosion du marché noir des billets, et des décisions artistiques jugées incohérentes.

Pour de nombreux observateurs, ces éléments révèlent une déconnexion entre l’ambition initiale du festival et sa gestion actuelle, appelant à une réforme structurelle de sa gouvernance artistique et financière.

Ce que cela révèle : entre prestige institutionnel et faillite symbolique

Sur le plan politique et culturel, Mawazine reste un outil de diplomatie douce pour le Maroc, vitrine de son ouverture culturelle et de sa modernité. Il a permis d’attirer les plus grands noms de la musique mondiale et d’affirmer la place du pays dans le paysage artistique international.

Cependant, cette stature n’exonère pas les organisateurs de leurs responsabilités légales et morales, notamment quand il s’agit de traiter des figures historiques de la culture arabe. Un hologramme n’est pas une simple image : c’est un acte de résurrection virtuelle qui engage l’histoire, la mémoire collective, et l’éthique artistique.

Conclusion analytique

L’affaire de l’hologramme d’Abdel Halim Hafez est plus qu’une simple polémique artistique. Elle pose la question fondamentale de la gestion de la mémoire culturelle à l’ère numérique, et souligne la nécessité pour les institutions culturelles d’intégrer des standards rigoureux en matière de droits d’auteur, de qualité technique, et de respect symbolique.

Peut-être est-ce là une occasion pour Mawazine de se réinventer, non pas seulement en termes de programmation, mais aussi en tant que référence éthique dans la gestion du patrimoine artistique. L’innovation technologique n’a de sens que si elle s’accompagne d’une conscience culturelle.

Note importante :
Cette analyse ne constitue pas un jugement judiciaire ni une prise de position en faveur d’une partie contre une autre. Elle se veut une lecture journalistique interprétative d’un fait artistique devenu affaire d’opinion publique.

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