jeudi, juillet 10, 2025
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Le ministre Bensaïd reconnaît l’existence d’une guerre médiatique… L’État dispose-t-il d’un front journalistique national capable d’y faire face ?

Le ministère soutient-il une presse nationale stratégique ou se contente-t-il de la veille ?

Analyse des propos du ministre Ben Saïd face aux attaques médiatiques et aux défis de la communication nationale

Alors que le Maroc fait face à une intensification des attaques médiatiques orchestrées par certains adversaires du Royaume à travers des plateformes numériques et chaînes étrangères, le ministre de la Culture, de la Jeunesse et de la Communication, Mohamed Mehdi Bensaïd, a déclaré au Parlement que son département « assure une veille informationnelle » pour détecter les sources de fake news, tout en consolidant les liens avec la presse étrangère accréditée.

Cependant, au-delà de ce discours institutionnel, une série de questions fondamentales s’impose :
Le gouvernement considère-t-il réellement les médias comme un outil stratégique de défense nationale ?

De la veille à l’action : un mécanisme suffisant ?

Le ministre insiste sur l’existence d’un système de veille et d’alerte médiatique. Certes, cela témoigne d’une prise de conscience des enjeux liés à la guerre informationnelle contemporaine, mais cela soulève un enjeu critique :
Peut-on se contenter de surveiller les fake news sans construire une stratégie offensive ?
Où est l’investissement dans une presse nationale plurilingue, outillée pour affronter l’arène internationale ?

Plusieurs pays confrontés à des campagnes similaires ont renforcé leur presse nationale via des financements, des formations, et une intégration dans les politiques diplomatiques.

Portails numériques : outil efficace ou simple vitrine ?

Le ministre évoque le rôle du portail national du Sahara marocain dans la lutte contre la désinformation. Mais quelle est la réelle efficacité de cette plateforme ?
Est-elle régulièrement actualisée ?
Dispose-t-elle d’une audience internationale réelle et de contenus multilingues ?

Les initiatives numériques officielles souffrent souvent d’un manque d’attractivité et d’agilité par rapport aux plateformes des adversaires du Maroc. Il est impératif de professionnaliser leur gestion et d’y injecter des ressources éditoriales de qualité.

Quelle presse mérite d’être soutenue ?

La presse nationale, particulièrement celle qui défend les intérêts fondamentaux du Royaume avec rigueur et professionnalisme, ne bénéficie pas d’un soutien clair, structuré et transparent.
Or, il est légitime de se demander :

  • Pourquoi l’État ne soutient-il pas davantage les médias qui emploient des journalistes compétents en arabe, français et anglais ?

  • Où est la stratégie de formation de journalistes capables d’évoluer dans les espaces internationaux ?

  • Pourquoi ne pas créer un Fonds de soutien à la presse stratégique, au même titre que les fonds d’appui à la culture ou au cinéma ?

Coopération avec la presse étrangère : stratégie suffisante ?

Si la collaboration avec les correspondants étrangers installés au Maroc est utile, elle ne saurait remplacer l’implication des journalistes marocains dans la production de récits influents à l’échelle mondiale.
Une stratégie offensive de diplomatie médiatique doit reposer sur une presse nationale forte, équipée pour faire face à la guerre de l’image.

Camps d’été et formation civique : un lien stratégique négligé ?

Le ministre a également évoqué la réforme du programme national des colonies de vacances. Si l’effort est notable, une question stratégique demeure :
Ces programmes intègrent-ils des modules sur la citoyenneté numérique, la lutte contre les fake news, ou encore la défense médiatique du pays ?

Un Maroc souverain dans ses narratifs ne peut se construire qu’à travers l’éducation de ses jeunes à la communication stratégique et aux défis de l’opinion publique mondiale.

Conclusion : vers une vision institutionnelle ou simple réaction ?

Les propos du ministre Bensaïd montrent une volonté politique d’affronter la guerre médiatique, mais le passage de l’intention à l’action structurée est encore timide.

Le Maroc ne peut gagner cette bataille sans soutenir une presse offensive, multilingue, formée et enracinée dans les valeurs nationales.
Il est temps d’abandonner l’approche défensive pour construire une souveraineté narrative.

La vraie question : le ministère prépare-t-il une stratégie de communication d’État à la hauteur des enjeux géopolitiques actuels ? Ou continue-t-on à réagir au lieu d’anticiper ?

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