mardi, juin 17, 2025
AccueilActualitésLaftit défend les sociétés régionales : tarifs inchangés, service garanti... Mais les...

Laftit défend les sociétés régionales : tarifs inchangés, service garanti… Mais les déclarations suffisent-elles à rassurer les Marocains ?

Au cœur du débat parlementaire sur la réforme du système de distribution de l’eau et de l’électricité, le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, a vigoureusement défendu l’expérience des sociétés régionales multiservices, récemment lancées dans quatre régions à titre pilote, en attendant leur généralisation à l’ensemble du territoire national. Le ministre a catégoriquement nié toute hausse des tarifs, insistant sur le fait que les contrats de gestion imposent aux sociétés de maintenir les mêmes prix qu’auparavant. Mais ces explications suffisent-elles à apaiser les inquiétudes de citoyens confrontés à des factures inattendues et à un service irrégulier ?

Déclarations officielles… et réalité de terrain divergente ?

Laftit a estimé que les polémiques sur la cherté des services étaient « contraires à la réalité », attribuant la plupart des plaintes enregistrées à des erreurs de relevé de compteurs ou à des estimations de consommation héritées des anciens distributeurs. Mais cela soulève une question légitime : pourquoi ces plaintes se répètent-elles dans plusieurs régions, notamment à Souss-Massa, peu de temps après l’entrée en fonction de ces nouvelles sociétés ?

Le ministre a admis implicitement l’existence de dysfonctionnements hérités, comme la faible fréquence de lecture des compteurs ou le recours à des agents non conventionnés dans les zones rurales. Cependant, pour le citoyen, peu importe d’où vient le désordre : ce qu’il exige, c’est la transparence et la précision dans la facturation, surtout dans un contexte social marqué par une flambée généralisée des prix.

Réforme structurelle ou privatisation déguisée ?

L’État adopte un discours réformateur ambitieux, axé sur la régionalisation avancée et l’efficacité de la gestion. Toutefois, cette réforme soulève une lecture alternative : sommes-nous face à une véritable refonte du système de distribution de l’eau et de l’électricité, ou à une simple reconfiguration d’un transfert de gestion vers des sociétés sous une nouvelle forme ?

Il convient de rappeler que les sociétés régionales multiservices sont des sociétés de développement local (SDL), un cadre juridique permettant des partenariats public-privé dans des projets d’infrastructure, ce qui alimente les craintes de plusieurs acteurs quant à l’absence de contrôle démocratique sur les prix et la qualité du service.

Des chiffres prometteurs… mais des défis dans la mise en œuvre

Le ministre a présenté un programme d’investissement colossal de 253 milliards de dirhams, dont 32 % devraient être réalisés dans les cinq premières années, soit environ 81 milliards, avec un budget de 13 milliards de dirhams prévu rien que pour l’année 2025. Ces chiffres posent question : comment des structures tout juste opérationnelles peuvent-elles répondre à un tel objectif d’investissement à court terme, alors que les infrastructures actuelles sont qualifiées de « fragiles » dans plusieurs zones, comme l’ont noté les rapports de la Cour des comptes ?

Gouvernance et équité territoriale : entre discours et mise en pratique

Le ministère de l’Intérieur affirme avoir accompagné la transition de gestion de manière fluide, en garantissant les droits des employés et des usagers, tout en maintenant les tarifs en vigueur. Pourtant, plusieurs députés, notamment de l’opposition, ont soulevé des faits préoccupants : faible débit d’eau, absence de communication, opacité dans les contrats de sous-traitance et manque de mécanismes d’évaluation de la performance.

Dans ce contexte, la question de la gouvernance devient cruciale : qui contrôle ? Qui évalue ? Et quelles sont les garanties pour que cette réforme ne se transforme pas en nouvelle charge pour le citoyen et pour les régions les plus vulnérables ?

En attendant… le citoyen surveille sa facture

Malgré les assurances du ministre Laftit, la rue marocaine reste sur ses gardes. L’expérience est encore à ses débuts, et ses effets concrets sur le pouvoir d’achat ne sont pas encore mesurables. Il devient donc impératif d’ouvrir un débat national inclusif sur cette réforme, avec la participation des acteurs locaux et de la société civile, pour construire un modèle transparent, équitable et durable.

Car la vraie réforme ne se mesure pas au ton des déclarations sous la coupole du Parlement, mais à l’amélioration réelle de la vie des citoyens… Et à court terme, la facture restera le baromètre le plus parlant.

Articles connexes

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

- Advertisment -spot_imgspot_imgspot_imgspot_img

Les plus lus

Recent Comments