La visite du secrétaire général du Parti du Progrès et du Socialisme, Nabil Benabdallah, au Centre Fidel Castro à Cuba n’est pas une simple activité protocolaire enregistrée dans les archives des visites partisanes. Elle constitue – par sa portée symbolique et politique – une percée discrète dans l’un des bastions les plus solides des adversaires de l’intégrité territoriale du Maroc.
Les partis commencent-ils enfin à comprendre leur rôle dans cette bataille ?
Depuis des décennies, des pays comme Cuba adoptent des positions tendues, voire hostiles, vis-à-vis de la question du Sahara marocain, motivés par un héritage idéologique de gauche et des relations anciennes avec le Front Polisario. Dans ce contexte, pénétrer cet espace avec le langage des camarades, du dialogue et de la lecture historique partagée peut ouvrir de petites brèches dans un mur de positions figées, ou du moins troubler le récit unilatéral promu contre le Maroc dans des cercles comme La Havane, Caracas ou Niamey.
Sommes-nous face à un nouveau modèle de diplomatie partisane intelligente ? Ce modèle peut-il être reproduit, développé et intégré dans une vision nationale cohérente pour gérer les fronts difficiles ?
Jusqu’à quand les partis resteront-ils « locaux » dans leur pensée et leur mouvement ?
Ce qu’a fait Benabdallah est en réalité ce que devraient faire tous les partis nationaux, qu’ils soient dans l’opposition ou au gouvernement. La scène internationale est restée, pendant des années, quasi exclusivement dominée par la diplomatie officielle, tandis que les partis – dans leur majorité – n’ont jamais dépassé les frontières de Rabat et Casablanca, comme si la politique étrangère ne les concernait pas.
Peut-on raisonnablement accepter que la question du Sahara marocain, qui touche à l’existence et à la dignité nationale, dépende uniquement des efforts ministériels ? Peut-on laisser le monde construire son récit sur le Maroc sans lui proposer notre propre version à travers une pluralité de voix : ministres, parlementaires, secrétaires généraux, chercheurs et militants civils ?
Quand l’opposition agit en profondeur à l’international… c’est l’État qui gagne !
Il faut bien comprendre que le mouvement partisan ne menace en rien l’unité diplomatique de l’État, il en renforce la cohérence et la force. De nombreux pays gèrent leurs dossiers internationaux avec finesse, grâce à la diversité des voix, à la pluralité des récits et à une répartition stratégique des rôles, sans que le centre ne perde le contrôle de la ligne directrice.
C’est pourquoi la visite de Nabil Benabdallah ne doit pas être lue à travers une lunette partisane étroite, mais plutôt comme une contribution à une vision plus large visant à redéfinir le rôle des partis dans l’effort national collectif.
Une victoire discrète… qui vaut bien celles remportées sur les fronts durs
Dans le silence et la discrétion, loin des projecteurs, la visite de Benabdallah à Cuba peut être considérée comme un but marqué contre le camp adverse. Pas décisif, certes, mais influent. Une visite qui dit à beaucoup en Amérique latine : « Le Maroc n’est pas uniquement ce que vous entendez. Il a aussi une voix progressiste, ouverte au dialogue et porteuse d’un discours moderne. »
Ne devrions-nous pas reconsidérer notre définition de la victoire ? Et comprendre enfin que la diplomatie n’est pas seulement faite de communiqués et de conférences, mais aussi de symboles, de prises de position et de visites intelligentes, comme celle de Nabil Benabdallah au cœur de la mémoire cubaine ?
En conclusion, un appel pressant : que les partis se mobilisent. Que les parlementaires sortent de leur silence. Qu’un front national externe se construise pour compléter l’action interne. Car les batailles pour la souveraineté ne se mènent pas avec les outils du passé, mais avec l’audace de ceux qui savent que défendre un territoire commence par une parole, une image, une visite… comme celle de Nabil Benabdallah à Cuba.