Maroc et Égypte : un partenariat stratégique en temps de défis régionaux et un soutien mutuel à la souveraineté et au développement
Dans un contexte de fluctuations géopolitiques complexes et de tensions croissantes au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, la visite du ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdel-Aati, au Maroc s’est imposée comme un signe clair de la poursuite de la coordination diplomatique entre Rabat et Le Caire. Cette visite ne se limite pas à une simple rencontre protocolaire, elle incarne une compréhension stratégique entre deux États soucieux de renforcer les fondements de la stabilité régionale, de préserver la souveraineté et l’intégrité territoriale des États, et de rejeter les solutions militaires qui aggravent les crises.
Sur Hautes Instructions de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste, M. Nasser Bourita a reçu, ce jour, son homologue de la République Arabe d’Egypte, M. Badr Abdelatty, porteur d’un message écrit adressé à Sa Majesté le Roi, par S.E. M. le Président Abdel Fattah El-Sisi pic.twitter.com/gs5lBtgAyL
— Maroc Diplomatie 🇲🇦 (@MarocDiplomatie) May 28, 2025
Lors de la conférence de presse conjointe avec son homologue marocain Nasser Bourita, Abdel-Aati n’a pas seulement réaffirmé la position égyptienne soutenant la souveraineté du Maroc et l’unité de son territoire, mais a aussi transmis un message du président Abdel Fattah al-Sissi au roi Mohammed VI, soulignant la volonté du Caire de « renforcer les relations dans tous les domaines » face à des défis régionaux, continentaux et mondiaux imbriqués. Cette déclaration porte en elle un message implicite : Rabat et Le Caire coordonnent à des niveaux stratégiques pour faire face à des transformations internationales rapides qui redessinent les équilibres de pouvoir dans la région.
Le débat autour de la question palestinienne a constitué un axe central de la rencontre, où les deux parties ont convenu de rejeter la politique de famine imposée aux Palestiniens et ont appelé à la reprise de l’aide alimentaire et médicale. Le Maroc se distingue ici à nouveau en tant qu’acteur diplomatique majeur, notamment à travers son rôle dans le Comité Al-Qods et la Bait Mal Al-Qods, ce qui renforce sa position de médiateur modéré et influent sur les questions sensibles de la région.
Sur le dossier libyen, le ministre égyptien a exprimé son appréciation pour les initiatives marocaines, en particulier les efforts autour de « l’accord de Skhirat », qui demeure un cadre essentiel pour la paix dans ce pays déchiré. Cela laisse-t-il entrevoir une volonté commune de renforcer les rôles régionaux dans l’instauration de la sécurité et de la stabilité, plutôt que de dépendre des interventions extérieures ?
Concernant le dossier régional le plus sensible, le barrage de la Renaissance, le Maroc a renouvelé son soutien à l’Égypte en matière de sécurité hydrique, affirmant son appui au dialogue et à la recherche de solutions respectant les droits historiques des parties. Le Maroc ne se contente pas ici d’être un partenaire neutre, mais agit comme un acteur diplomatique influent, cherchant à équilibrer les intérêts des pays et à ouvrir de nouvelles perspectives de coopération plutôt que de conflit.
Sur le plan économique, les deux parties ont appelé à dépasser la logique du gagnant-perdant et à promouvoir une coopération et une intégration économique fondées sur une vision « gagnant-gagnant », reflétant une volonté claire de bâtir des partenariats économiques durables contribuant au développement des deux pays. Comment cette vision peut-elle contribuer au développement de l’Afrique en général, en tirant parti de la position du Maroc comme porte d’entrée vers le continent, et de l’Égypte en tant que puissance économique majeure du Nord ?
Enfin, il a été question de l’activation de commissions conjointes entre les deux pays pour renforcer la coopération gouvernementale et la coordination sur diverses questions, comme une étape concrète soutenant les accords politiques conclus. Cette coordination sera-t-elle la preuve de la capacité de la diplomatie maghrébine-égyptienne à dépasser les crises régionales et à renforcer la stabilité régionale ?
Au cœur de ces développements, il apparaît clairement que le Maroc ne se limite pas à un acteur local, mais qu’il consolide sa position de puissance diplomatique équilibrée, combinant travail discret et stratégie réfléchie, ce qui renforce son image de protagoniste majeur dans les voies de la paix et du développement en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.