mardi, juin 17, 2025
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Le Maroc à l’ère de l’intelligence artificielle : vers une réforme du Code du travail dès septembre ?

Dans une déclaration aux allures de tournant pour l’avenir du travail au Maroc, Younes Sekkouri, ministre de l’Inclusion économique, de la Petite entreprise, de l’Emploi et des Compétences, a annoncé qu’une révision du Code du travail est prévue pour septembre ou octobre prochain, avec un objectif clair : encadrer juridiquement le télétravail.

Mais cette réforme est-elle simplement technique ou marque-t-elle une transformation plus profonde dans la conception des relations professionnelles au Maroc ? Le pays est-il prêt à affronter les mutations imposées par la révolution numérique mondiale ?

L’intelligence artificielle : menace ou levier pour l’emploi ?

Lors d’un colloque organisé à Casablanca par l’Université Al Akhawayn en partenariat avec le Groupe Le Matin, le ministre a tenu à rassurer : l’intelligence artificielle (IA) ne doit pas être perçue comme une menace pour l’emploi, mais plutôt comme un levier puissant pour améliorer la productivité et créer de nouvelles opportunités.

Cette approche optimiste soulève toutefois une interrogation centrale :
Le Maroc est-il en mesure de canaliser les bénéfices de l’IA sans en subir les effets destructeurs sur l’emploi ?

Une réforme profonde de la formation professionnelle… mais avec quels moyens ?

Le ministre a plaidé en faveur d’une refonte du système de formation professionnelle, en mettant en avant la création prochaine d’un observatoire intelligent destiné à accompagner les jeunes chercheurs d’emploi via des coachs numériques capables de les aider à optimiser leurs CV et mieux comprendre le marché.

Mais plusieurs questions restent en suspens :

  • Quelle est l’infrastructure numérique actuelle du Maroc pour soutenir un tel projet ?

  • Le financement est-il déjà prévu ?

  • Comment garantir l’égalité d’accès pour les jeunes des zones rurales ou défavorisées ?

Valoriser la compétence plus que le diplôme ?

Autre élément structurant du discours du ministre : la nécessité de repenser la hiérarchie entre diplôme académique et compétence professionnelle, en s’alignant sur les besoins réels du marché.

Cela soulève un défi culturel et structurel de taille :
Les entreprises marocaines sont-elles prêtes à recruter sur la base des compétences plutôt que sur celle des diplômes ?

Un cadre légal pour le télétravail : une urgence ?

L’annonce la plus concrète reste celle de l’intégration du télétravail dans le Code du travail. Face à un mode de travail qui s’est imposé globalement depuis la pandémie, cette initiative est saluée, mais elle appelle également à la vigilance :

  • Comment encadrer les relations entre employeurs et télétravailleurs ?

  • Quelle protection sociale ?

  • Quelle responsabilité juridique en cas d’accident ou de litige ?

Conclusion : entre vision et faisabilité

Les propos du ministre traduisent une vision ambitieuse pour un Maroc pleinement engagé dans la modernité numérique. Mais cette ambition devra s’accompagner de mesures concrètes, d’une volonté politique ferme et d’une coordination étroite avec le secteur privé et la société civile.

Et la question fondamentale demeure :
La réforme du Code du travail attendue pour septembre sera-t-elle le socle d’un nouveau contrat social à l’ère de l’intelligence artificielle ?

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