Pour Aziz Rabbah, ancien ministre, le Maroc fait aujourd’hui face à l’un de ses défis les plus critiques : le chômage. Dans sa tribune, il affirme que nous sommes devant une crise structurelle qui menace la stabilité sociale et compromet les ambitions du développement global. Il établit un lien direct entre la problématique de l’emploi et la nécessité d’une stratégie fondée sur la construction de l’humain comme socle du développement territorial.
Des chiffres alarmants : du chômage conjoncturel à la crise structurelle
Rabbah s’appuie sur les données du Haut-Commissariat au Plan, selon lesquelles le taux de chômage a légèrement baissé à 13,3 % au premier trimestre 2025, contre 13,7 % à la même période en 2024. Mais derrière ce chiffre global se cachent des contrastes sévères :
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Chômage des jeunes de 15 à 24 ans : 37,7 %
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Chômage des femmes : 19,9 %
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Chômage des diplômés (hommes et femmes) : 19,4 %
Selon Rabbah, ces chiffres révèlent l’échec du système éducatif à devenir un levier d’employabilité, et posent des questions sérieuses sur l’efficacité des politiques publiques de formation et d’adéquation entre compétences et marché du travail.
Selon Rabbah : 70 % des chômeurs concentrés dans 5 régions… La régionalisation a-t-elle perdu son cap équitable ?
Des régions comme l’Oriental, le Sud ou encore Fès-Meknès enregistrent les taux de chômage les plus élevés. Pour Rabbah, cela traduit une absence de justice territoriale réelle. À l’opposé, des régions comme Casablanca-Settat accaparent l’essentiel des opportunités.
Cela renforce les inégalités et accélère l’exode rural ou urbain.
Maroc Maintenant pose ici une question centrale :
Sommes-nous réellement en train de déployer une régionalisation équitable, ou ne faisons-nous que reproduire une centralisation déguisée ?
Signal politique : une volonté royale forte mais une mise en œuvre institutionnelle à la traîne ?
Rabbah laisse entendre qu’une volonté claire et peut-être même des directives précises ont été données pour agir face au chômage. Mais entre les lignes, il suggère que l’appareil exécutif et administratif n’est pas à la hauteur des attentes.
Manque-t-on de programmes ? Ou souffre-t-on d’un déficit chronique de mise en œuvre ?
La feuille de route de Rabbah : un plan de sauvetage ou une vision de refondation de l’État ?
L’ancien ministre propose 14 axes majeurs pour combattre le chômage, dont :
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Une gouvernance économique rigoureuse et transparente
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L’implication active des banques dans le financement risqué mais productif
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Une planification urbaine orientée vers l’emploi
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Des pôles numériques dans chaque ville et province
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Un soutien ciblé aux micro-investissements avec des projets pilotes reproductibles
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L’intégration progressive du secteur informel à travers des incitations fortes
Pour Maroc Maintenant, ce que propose Rabbah s’apparente à une déclaration d’urgence sociale et économique. Il appelle à un courage politique renouvelé, une coordination efficace, et un dépassement des logiques de blocage bureaucratique.
Conclusion Maroc Maintenant : Le chômage est-il le miroir de nos échecs collectifs ?
À travers son analyse, Rabbah semble poser une question dérangeante : Peut-on construire un pays sans construire ses citoyens ?
Le Maroc a-t-il besoin d’un nouveau pacte social, où l’emploi devient le thermomètre de la justice sociale, de la compétitivité économique et de la paix durable ?