mardi, juillet 1, 2025
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Entre complémentarité constitutionnelle et instrumentalisation politique : L’amazighe et l’arabe sont-ils devenus un champ de bataille artificiel ?

Langue amazighe et arabe : intégration identitaire ou conflit artificiel ?

Dans un contexte national marqué par de profondes mutations identitaires, l’article du Dr Abdelnabi Aidoudi, intitulé « Langue amazighe et arabe : approche intégrative dans la construction de l’identité nationale marocaine », relance le débat sur le pluralisme linguistique sous un angle dépassant les tensions apparentes, en plaidant pour une compréhension complémentaire de l’identité marocaine dans ses dimensions constitutionnelle, historique et culturelle.

Entre passé et présent : l’arabe comme pont civilisationnel, non comme outil de domination

L’auteur souligne, dès l’introduction, que la langue arabe — en tant que langue du Coran — n’a pas été imposée aux peuples, mais plutôt adoptée par plusieurs civilisations pour accéder aux textes religieux et développer une dynamique intellectuelle.

L’histoire montre que l’arabe a cohabité pacifiquement avec d’autres langues dans l’espace islamique, réfutant l’idée selon laquelle il aurait effacé des identités locales.

Cette perspective historique permet de relativiser les tensions actuelles au Maroc, où les clivages linguistiques sont parfois instrumentalisés pour alimenter des polarisations politiques. Or, la pluralité linguistique, dans l’histoire, s’est toujours révélée être une source de richesse.

Langue et identité dans le cadre constitutionnel : une fausse dualité

Aidoudi rappelle que la Constitution marocaine de 2011 reconnaît officiellement à la fois l’arabe et l’amazighe. Pourtant, certains discours persistent à présenter ces deux langues comme antagonistes, ce que l’auteur qualifie de « dualité artificielle ».

L’identité nationale marocaine ne peut être réduite à une seule dimension. Elle est un tissage complexe de références arabes, amazighes, africaines et méditerranéennes. Porter atteinte à l’une des deux langues officielles revient à menacer l’équilibre constitutionnel et social du pays.

Langue comme levier électoral : crise du discours partisan

Le texte dénonce l’usage opportuniste de la question amazighe dans les discours politiques, surtout en période électorale. Une analyse des résultats électoraux montre que certains partis revendiquant la cause amazighe n’ont qu’une faible représentation dans les régions majoritairement amazighophones. Ce décalage pose la question de la sincérité des projets politiques censés défendre le pluralisme linguistique.

Enjeux géopolitiques et protection de la souveraineté culturelle

L’auteur attire également l’attention sur les ingérences extérieures dans les questions identitaires. Dans un contexte de mondialisation, il devient nécessaire de distinguer entre les revendications légitimes pour les droits linguistiques et les projets porteurs d’agendas externes visant à fragmenter l’unité nationale. L’histoire montre que le Maroc a su, jusqu’ici, intégrer la diversité dans le cadre de la monarchie et de l’État-nation.

Vers une approche intégrative : sortir de la logique conflictuelle

L’article se conclut sur un appel à un modèle de gestion linguistique fondé sur la complémentarité et non sur l’affrontement. La promotion de la langue amazighe ne doit pas être perçue comme une menace pour l’arabe, mais comme une reconnaissance nécessaire dans un projet national inclusif et tourné vers l’avenir.

Conclusion de Maroc Maintenant :

L’article du Dr Aidoudi élève le débat linguistique à un niveau stratégique. Il ne se contente pas de demander la reconnaissance mutuelle des deux langues, mais propose une vision intégrée où le pluralisme devient un vecteur d’unité.

La vraie question posée à nos institutions, élites et citoyens est donc la suivante : sommes-nous prêts à dépasser le langage du conflit pour construire une coexistence linguistique fondée sur la justice symbolique et l’équité culturelle ?

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