Le score moyen de l’indice de sens chez les jeunes au Maroc a atteint 6,82 sur 10, le plus bas parmi les sept pays inclus dans l’étude, comparé à des pays comme le Kenya, la Norvège, l’Ukraine, l’Algérie, le Pérou et l’Inde, qui ont enregistré des scores allant de 8,3 à 7,79. Ce chiffre préoccupant soulève des questions profondes sur la santé mentale et sociale de la jeunesse marocaine, révélant un besoin urgent de politiques publiques efficaces pour renforcer le sentiment d’appartenance et de sens chez les enfants et adolescents du royaume.
Selon le rapport de l’Indice de sens pour la jeunesse 2024–2025, l’échantillon marocain comprenait 355 participants, dont sept enfants âgés de sept ans, bien que la tranche d’âge ciblée commence officiellement à huit ans, ce qui indique une couverture plus large des groupes d’âge. Les résultats montrent que les enfants de moins de 13 ans ont enregistré une moyenne de 7,85, tandis que celle-ci chute à 7,69 chez les 13–17 ans, reflétant une diminution du sentiment de sens à mesure que l’âge augmente, principalement en raison d’un affaiblissement du sentiment d’appartenance (de 8,11 chez les enfants à 7,29 chez les adolescents).
L’indice analyse quatre piliers principaux du sens chez les jeunes : l’engagement physique et cognitif, la connexion sociale, le sentiment de but, et le soin de soi. Le Maroc a obtenu son meilleur score dans l’engagement physique et cognitif (8,02), suivi par la connexion sociale (7,74), puis le sentiment de but (7,63). En revanche, le soin de soi, qui reflète la capacité à prendre soin de sa santé mentale et émotionnelle, arrive dernier avec 7,79, ce qui souligne un déséquilibre manifeste dans la santé psychique des jeunes.
En détaillant les réponses les plus positives des participants marocains, on trouve :
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« Des personnes se soucient de moi » (8,68),
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« Je passe du temps avec mes amis ou ma famille » (8,43),
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« Je pense à ce que je veux devenir ou changer dans le monde quand je serai grand » (8,23).
Les plus faibles incluent :
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« J’essaie de ressembler à mon modèle » (7,07),
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« Je passe du temps dans la nature » (6,98),
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« Je préfère faire des choses qui aident les autres » (6,83).
Ces données révèlent un écart entre le sentiment de soutien social et l’initiative personnelle ou la responsabilité sociale, appelant à des interventions éducatives et culturelles qui stimulent le sens communautaire et la créativité chez les jeunes.
Le rapport met également en lumière des écarts entre filles et garçons, les garçons déclarant avoir moins de personnes à qui parler en cas de détresse émotionnelle, et participant moins aux activités créatives. Ces différences, variables selon les pays, indiquent que les politiques jeunesse doivent être sensibles au genre, et adaptées aux réalités psychologiques et culturelles du contexte marocain.
Enfin, le Maroc a été classé dans le groupe des pays vulnérables, aux côtés de l’Inde, du Kenya et de l’Ukraine (touchée par le conflit), soulignant que le pays fait face à une crise latente de sens parmi sa jeunesse, qui pourrait miner ses perspectives de développement futur si elle n’est pas rapidement prise en charge.