samedi, avril 19, 2025
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La Haye peut-elle rétablir l’équilibre au Darfour ? Le Soudan accuse les Émirats de complicité dans un génocide… La justice internationale agira-t-elle vraiment ?

Dans un tournant décisif du drame soudanais, Khartoum comparaît aujourd’hui devant la Cour internationale de justice, la plus haute instance judiciaire des Nations unies, accusant les Émirats arabes unis de « complicité dans un génocide » par leur soutien présumé aux Forces de soutien rapide.
Cette plainte, examinée ce jeudi à La Haye, promet de redistribuer les cartes dans l’équation régionale, non seulement au Soudan, mais dans l’ensemble de la Corne de l’Afrique et du Golfe.

Mais qu’est-ce qui a poussé Khartoum à franchir ce pas inédit ? Sommes-nous face à un développement judiciaire qui pourrait ouvrir la voie à la responsabilisation des États soutenant des acteurs de conflits internes ? Ou cette plainte sera-t-elle rapidement enterrée sous les contraintes du droit international ?

Les Émirats sur le banc des accusés : soutien direct ou instrumentalisation politique ?

Le gouvernement soudanais, soutenu par l’armée, accuse les Émirats d’avoir violé la Convention de 1948 pour la prévention du génocide, en appuyant les Forces de soutien rapide, qu’il rend responsables de crimes atroces :

  • Génocide et meurtres de masse.

  • Viol collectif et déplacements forcés.

  • Destruction de biens publics et violations graves des droits humains.

Selon Khartoum, ces atrocités n’auraient pas pu se produire sans le soutien direct et continu d’Abou Dhabi à ces milices rebelles.

Les Émirats, de leur côté, nient catégoriquement toute implication, qualifiant les accusations d’ »infondées et abusives », selon un haut responsable émirati qui a requis l’anonymat.

Une question essentielle se pose ici :
Le Soudan dispose-t-il de preuves solides établissant un lien clair entre le soutien émirati et les crimes des FSR ?
Ou cette plainte est-elle un levier politique dans un conflit régional impliquant de grandes puissances ?

La bataille de la compétence : la Cour va-t-elle refermer le dossier avant de l’ouvrir ?

Le principal obstacle auquel se heurte la plainte soudanaise est la question de la compétence. Lorsqu’ils ont ratifié la Convention en 2005, les Émirats ont émis une réserve sur l’article 9, qui permet aux États de porter plainte devant la CIJ en cas de différend.

Michael Becker, expert en droit international au Trinity College de Dublin, note dans un article que cette réserve pourrait permettre à la Cour de se déclarer incompétente.

Mais Khartoum rétorque que cette réserve est contraire à l’esprit et à l’objectif fondamental de la Convention : empêcher les pires crimes contre l’humanité, indépendamment des considérations politiques.

Question juridique centrale :
La Cour aura-t-elle le courage de dépasser les réserves souveraines pour faire prévaloir la justice internationale ?
Ou le droit reste-t-il prisonnier des volontés étatiques ?

Au-delà du juridique : Darfour, symbole d’une tragédie suspendue

Ce contentieux dépasse le simple cadre bilatéral. Il ravive la tragédie du Darfour, revenue au-devant de la scène après les accusations contre les FSR de purification ethnique dans l’ouest du pays, dans un silence international troublant.

Ironie du sort, les États-Unis eux-mêmes ont accusé les FSR de « génocide » au Darfour, sanctionnant à la fois l’armée et les paramilitaires.

Ce recours soudanais marque-t-il le début d’un nouvel axe international contre les FSR ?
Et la justice internationale peut-elle réellement briser l’impunité dans les conflits africains ?

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