Dans une démarche qui reflète son souci des droits des petits agriculteurs, le député Mohammed Ouzine a adressé une question écrite au ministre de l’Intérieur, mettant en lumière les difficultés rencontrées par les cultivateurs après la légalisation de la culture du cannabis.
La loi n° 13.21, promulguée en 2021, constitue une étape stratégique pour renforcer le développement économique et social dans les régions du Nord (Al Hoceïma, Chefchaouen et Taounate), en intégrant les petits agriculteurs dans les chaînes de valeur légales du cannabis.
Mais la grande question demeure : le gouvernement a-t-il réussi à appliquer cette loi et à atteindre ses objectifs de développement et sociaux, ou les défis sur le terrain continuent-ils de constituer un obstacle pour les petits exploitants agricoles ?
Cadre légal : la loi n° 13.21
La loi n° 13.21 autorise la culture du cannabis à des fins médicales et industrielles, en désignant clairement les régions légalement autorisées à sa culture. L’objectif officiel est d’améliorer la situation matérielle et sociale des agriculteurs, d’assurer leur stabilité dans leurs régions, tout en développant un nouveau secteur économique conforme aux normes internationales.
Défis légaux :
-
Retard dans l’octroi des licences pour intégrer les chaînes de valeur légales.
-
Absence de suivi rigoureux des paiements dus aux agriculteurs, ce qui pousse certains à retourner au marché noir.
-
Manque de sensibilisation et de formation juridique pour permettre aux cultivateurs de défendre leurs droits en matière de production et de commercialisation.
La situation sur le terrain dans la région de Taounate
Selon des sources locales, les agriculteurs de Taounate rencontrent plusieurs difficultés :
-
Retards dans le versement de leurs paiements.
-
Intégration limitée dans les chaînes de valeur légales, les privant de bénéfices complets.
-
Absence de programmes de formation et de qualification pour soutenir les compétences agricoles et industrielles liées au cannabis.
Ces difficultés indiquent que l’objectif de développement de la loi n’a pas encore été atteint sur le terrain et qu’il existe un écart important entre le texte légal et son application.
Dimensions économiques et sociales
La légalisation du cannabis devait contribuer à :
-
Développer les ressources locales et assurer un revenu durable pour les petits agriculteurs.
-
Créer des emplois pour les jeunes et des opportunités économiques dans les zones montagneuses.
-
Promouvoir la justice spatiale et réduire les inégalités entre les régions.
Cependant, les retards administratifs et bureaucratiques, ainsi que le soutien limité aux agriculteurs, laissent de nombreuses potentialités économiques inexploitées et menacent la stabilité de la communauté locale.
Aspect politique et organisationnel
La question du député Ouzine reflète le rôle de l’opposition parlementaire dans la défense des intérêts des citoyens et des petits agriculteurs, transformant le Parlement en plateforme de responsabilisation du gouvernement.
Point clé : le succès du projet ne dépend pas uniquement du gouvernement, mais nécessite la coopération entre les agriculteurs, les autorités locales et le secteur privé pour assurer l’intégration effective des agriculteurs dans la chaîne de valeur.
La voix des agriculteurs
Les témoignages des cultivateurs à Taounate confirment que les défis quotidiens sont nombreux :
« Nous ne recevons pas nos paiements à temps, et certains d’entre nous sont contraints de retourner au marché noir », déclare un agriculteur.
Un autre ajoute : « Nous avons besoin de programmes de formation et de soutien pour apprendre à produire et commercialiser légalement. »
Ces voix placent le gouvernement devant une responsabilité directe pour garantir que les citoyens bénéficient du projet national.
Perspectives de solutions
Une approche intégrée pourrait renforcer le succès du projet :
-
Accélérer les procédures administratives pour garantir l’obtention des licences et des paiements aux agriculteurs.
-
Intégrer les jeunes dans les chaînes de valeur agricoles et industrielles du cannabis.
-
Fournir des programmes de formation et un soutien technique aux petits agriculteurs pour assurer une production durable.
-
Surveiller le marché et lutter contre les activités illégales pour garantir la stabilité du secteur.
Conclusion analytique
Le projet de légalisation du cannabis représente une opportunité nationale pour le développement des régions du Nord et des communautés locales, mais il ne peut atteindre ses objectifs sans traiter les obstacles légaux, sociaux et politiques auxquels sont confrontés les petits agriculteurs.
La question du député Mohammed Ouzine rappelle la nécessité de tenir le gouvernement responsable et d’assurer la transparence de l’application, tout en soulignant le rôle central des médias pour relayer les souffrances des citoyens et contrôler la performance de l’État. Le succès de ce projet n’est pas seulement une question juridique, mais une question de stabilité sociale, de développement durable et un indicateur de la capacité de l’État à garantir la justice territoriale et un niveau de vie digne pour tous les citoyens.