À chaque vague de chaleur estivale, et à chaque saison de mariages et de fêtes, les Marocains se retrouvent victimes de la hausse des prix de la volaille sans qu’aucune solution claire ne soit apportée. Le kilo a dépassé dans certaines villes 26 dirhams, et même 45 dirhams pour la volaille prête à cuire.
Chaque été, le même scénario, les mêmes excuses : mariages, vagues de chaleur, coût élevé des aliments pour animaux, mortalité de la volaille… une longue liste de justifications qui ne résolvent pas le problème de fond.
Questions cruciales pour les responsables
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Pourquoi les programmes gouvernementaux depuis 2019 et 2021 n’ont-ils pas réussi à réguler le marché de la volaille ?
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Pourquoi les abattoirs modernes, censés contrôler les prix, n’ont-ils pas été activés ?
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Et pourquoi l’intermédiaire reste-t-il le maillon le plus fort pour augmenter le prix du kilo sans aucune sanction ?
Alors que les pays du Golfe recourent à l’importation de volaille halal surgelée pour atténuer tout choc saisonnier, le Maroc reste hésitant entre promesses de réformes et réalité sur le terrain : les prix augmentent et le citoyen paie.
Cette crise n’est pas seulement circonstancielle à l’été ; elle révèle un échec administratif et structurel récurrent. Chaque été, les mêmes justifications sont avancées, et chaque été, le citoyen en paie le prix.
Les intermédiaires… Le maillon manquant
L’absence d’un contrôle efficace de la chaîne de commercialisation rend les marges bénéficiaires multiples et opaques. Ce que le producteur vend à 15–16 dirhams peut atteindre 23 dirhams ou plus pour le consommateur, un écart qui révèle que « le problème ne réside pas seulement dans le coût de production mais dans la chaîne de distribution ».
Des réformes uniquement sur le papier
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Note de 2019 : Organisation des unités d’abattage (les « riashates »).
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Programme 2021 : Augmentation du pourcentage de commercialisation via les abattoirs modernes à 90% d’ici 2030.
Mais l’exécution est lente, et le marché reste dépendant des unités traditionnelles qui perpétuent le désordre.
Expériences internationales : leçons à tirer
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Golfe : Recours à l’importation de volaille halal surgelée d’Argentine et du Brésil pour réguler les prix.
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Égypte et Turquie : Soutien aux aliments pour animaux et création de lignes d’approvisionnement alternatives.
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Maroc : Hésitation persistante à ouvrir le marché à l’importation ou à soutenir directement les aliments pour animaux, ce qui rend le consommateur dépendant des fluctuations du marché intérieur.
Questions supplémentaires
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Pourquoi la crise se répète-t-elle chaque été sans solutions structurelles ?
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Pourquoi ne pas ouvrir temporairement le marché de l’importation pour briser le monopole et protéger le pouvoir d’achat ?
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Le secteur pourra-t-il passer des promesses différées à une politique claire et opérationnelle ?
Conclusion et recommandations
La crise de la volaille n’est pas seulement saisonnière, elle révèle une faille structurelle dans la production et la distribution. La résolution nécessite :
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Le soutien ou la diversification des sources d’aliments pour animaux.
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La régulation des canaux de distribution pour limiter la spéculation.
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L’accélération de la modernisation des unités d’abattage et des abattoirs modernes.
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L’ouverture flexible à l’importation de volaille halal surgelée si nécessaire.
Sans ces mesures, le scénario se répétera chaque été : prix élevés, mécontentement populaire et justifications toutes prêtes des acteurs, tandis que le consommateur restera le maillon le plus faible.