jeudi, août 28, 2025
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Quand un démenti ministériel devient un révélateur : la communication institutionnelle en crise

L’annonce par le ministre du Transport du retrait de la circulaire relative au contrôle des motos de livraison n’a, en réalité, pas surpris grand monde. Ce qui mérite attention, ce n’est pas tant la décision elle-même que la manière dont elle a été communiquée, et la vitesse avec laquelle elle a été annulée. Cet épisode, apparemment banal, met en lumière une faille plus profonde : la crise de confiance entre l’État et les citoyens, alimentée par un déficit chronique de transparence dans la communication publique.

Un symptôme d’une relation fragilisée

Dans une démocratie moderne, chaque décision publique – surtout lorsqu’elle touche directement la vie quotidienne des citoyens – exige clarté, pédagogie et explication. Or, la succession rapide entre l’annonce, la diffusion de la circulaire, et son retrait presque immédiat, a donné l’impression d’une improvisation permanente, d’un manque de concertation et de cohérence au sein des institutions.

Les citoyens se retrouvent spectateurs d’un théâtre administratif où l’information circule en fragments contradictoires : un jour on annonce une mesure, le lendemain on la nie. Ce va-et-vient brouille la lisibilité de l’action publique et érode la crédibilité de l’État.

La fracture de la confiance

La confiance des citoyens envers leurs institutions ne se construit pas uniquement par les grandes réformes, mais surtout par la gestion quotidienne des détails. Quand une simple circulaire devient objet de confusion, comment espérer convaincre sur des dossiers nationaux d’envergure ?

Cette dissonance dans la communication officielle renforce le sentiment, déjà répandu, que les décisions sont prises dans l’opacité et corrigées dans la précipitation. Les citoyens finissent par développer un réflexe de scepticisme : attendre toujours le « démenti » ou le « correctif » avant de croire à une annonce officielle.

Un enjeu démocratique et non seulement administratif

La communication institutionnelle n’est pas un luxe, ni une simple question d’image. Elle constitue un pilier de la gouvernance démocratique. Elle engage la responsabilité de l’État vis-à-vis de l’opinion publique. Lorsqu’elle est mal gérée, elle sape non seulement la légitimité des politiques publiques, mais aussi la capacité des institutions à mobiliser la société autour de projets collectifs.

Pour une réforme de la communication publique

L’affaire de la circulaire sur les motos de livraison illustre, à petite échelle, un défi plus large : comment réinventer la communication gouvernementale afin qu’elle ne soit plus perçue comme une suite de contradictions, mais comme un espace de dialogue et de clarté ?

Il ne s’agit pas seulement de mieux « vendre » les décisions, mais de créer un véritable contrat de confiance basé sur l’explication, la cohérence et l’anticipation. La société marocaine est suffisamment mature pour accepter des choix difficiles, mais elle exige qu’on la respecte par une information claire et honnête.

En conclusion

Un démenti ministériel, pris isolément, pourrait paraître anodin. Mais lorsqu’il s’inscrit dans une série de maladresses communicationnelles, il devient le miroir d’un problème structurel : celui d’un déficit de confiance entre l’État et les citoyens. La transparence et la cohérence dans la parole publique ne sont pas accessoires ; elles constituent désormais une urgence démocratique.

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