jeudi, août 28, 2025
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Histoire des Juifs au Maroc : mémoire partagée et identité complexe

L’histoire du Maroc ne peut être comprise pleinement sans prendre en compte la composante juive qui a façonné, pendant des siècles, une partie essentielle du tissu social et culturel du pays. Cette mémoire partagée n’est pas seulement une suite d’événements historiques, mais une leçon vivante de coexistence, de pluralité et de capacité à intégrer les différences.

Dans cet article, nous mettons en lumière la lecture du Dr Eidoudi Abdelnabi sur l’histoire des Juifs au Maroc, afin de découvrir les leçons que ce patrimoine peut offrir à la société marocaine d’aujourd’hui, et comment il peut être exploité pour comprendre le présent et construire l’avenir.

Lecture et dialogue avec les idées du Dr Eidoudi Abdelnabi
Dans le cadre de notre tradition éditoriale, mêlant analyse critique et questionnement intellectuel, nous avons eu un échange approfondi avec le Dr Eidoudi Abdelnabi, chercheur en affaires religieuses et politiques, à propos de son article riche sur l’histoire des Juifs au Maroc. Notre objectif était de comprendre avec lui – et à travers lui – les contours de cette composante historique de la société marocaine, et de lui poser, ainsi qu’à son texte, des questions liées au présent et à l’avenir.

Les premières migrations… La question des origines
Selon le Dr Eidoudi, la présence juive au Maroc remonte à la plus haute antiquité. Les premières vagues arrivèrent après la destruction du Premier Temple en 586 av. J.-C., via les routes phéniciennes, et s’installèrent dans plusieurs régions, notamment ce qui est aujourd’hui « Aït Daoud ». Nous lui demandons : le Maroc était-il seulement un choix géographique ou un espace civilisationnel attractif ? Il répond que le Maroc, de par sa position et sa diversité culturelle, a toujours été une terre d’accueil, comme en témoigne la migration andalouse du XVe siècle, après la chute d’Al-Andalus et l’expulsion des Juifs et des musulmans.

Une identité double… Entre autochtones et arrivants
Le Dr Eidoudi explique que les Juifs marocains se divisent en « autochtones » installés avant l’Islam et en « arrivants » venus d’Andalousie et d’Europe. Nous commentons : cette double composition n’est pas un simple détail démographique, mais une clé pour comprendre la diversité culturelle du Maroc. Elle a donné naissance à une identité juive marocaine hybride, mêlant l’ancien enracinement local à l’ouverture andalouse et européenne.

Coexistence… Entre le récit historique et l’expérience vécue
Le Dr Eidoudi affirme que les Juifs n’étaient pas étrangers à leur environnement marocain. Ils partageaient avec les musulmans la langue, les coutumes et les fêtes, tout en conservant leur autonomie dans les affaires religieuses et judiciaires. Nous nous interrogeons : cette coexistence relevait-elle uniquement de la tolérance, ou aussi d’équilibres politiques et économiques ?

Le sultan et le mellah… Symbole de la relation avec l’État
Le Dr Eidoudi rappelle les liens entre les Juifs et l’État marocain, depuis l’autorisation de résider à l’intérieur des murailles de Fès sous les Idrissides, jusqu’à la création du mellah sous les Mérinides.

Il insiste particulièrement sur la position du sultan Mohammed V, qui refusa de se soumettre aux lois discriminatoires du gouvernement de Vichy, affirmant que les Juifs étaient des citoyens marocains. Pour nous, ce geste n’était pas qu’une décision politique, mais une déclaration de principe sur une citoyenneté inclusive.

De l’indépendance à la diaspora… Une mémoire ininterrompue
Le Dr Eidoudi souligne que les Juifs ont participé, après l’indépendance, à façonner le Maroc moderne. Malgré les vagues de migration vers l’Europe et l’Amérique, le lien avec le Maroc est resté vivant. Selon nous, ce lien constitue aujourd’hui un capital culturel pouvant servir à bâtir de nouveaux ponts entre le Maroc et son environnement international.

Question pour l’avenir
À la fin de notre échange, le Dr Eidoudi laisse une question ouverte : comment ce patrimoine peut-il inspirer le présent ? Pour notre part, nous ajoutons : si le passé a démontré la capacité du Maroc à accueillir la diversité, avons-nous aujourd’hui le courage d’utiliser cette expérience comme modèle mondial de coexistence ?

Conclusion et analyse : Les leçons du passé pour le présent
À une époque où le Maroc connaît des transformations politiques et sociales rapides, l’histoire des Juifs marocains apparaît comme un miroir reflétant la capacité de la société à vivre la diversité. Les millénaires d’expérience que le Dr Eidoudi a mis en lumière rappellent aux décideurs comme aux citoyens que la force d’un État réside non seulement dans ses institutions, mais aussi dans sa capacité à protéger la différence et à garantir les droits de tous sans discrimination religieuse ou culturelle.

Aujourd’hui, alors que s’ouvrent des débats sur l’ouverture démocratique, la citoyenneté égalitaire et l’intégration sociale, cet héritage offre un modèle vivant de politique réaliste et de principes éthiques. La question demeure : le Maroc saura-t-il exploiter cette mémoire partagée pour renforcer la confiance entre toutes les composantes de la société et l’orienter vers un projet national global, liant passé et présent, pour bâtir un avenir plus lumineux ?

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