jeudi, août 28, 2025
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L’ouverture au breakdance : menace culturelle ou pari éducatif ? Une lecture du débat sociétal autour de l’éducation artistique au Maroc

Dans une démarche qualifiée de courageuse par certains et controversée par d’autres, le Ministère de l’Éducation Nationale, de l’Enseignement Précoce et des Sports a intégré les danses urbaines telles que le breakdance et le hip-hop dans les activités de la vie scolaire, dans le cadre du programme « Sport pour tous », en partenariat avec la Fédération Royale Marocaine des Sports Urbains.

Mais derrière cette initiative pédagogique, des questions et des inquiétudes sont apparues, dépassant l’aspect sportif et artistique pour toucher aux représentations de la société sur les valeurs, l’éducation et l’identité.

Première question : pourquoi tout ce débat ?
Les protestations ne viennent pas seulement des parents d’élèves, mais aussi de pages affirmant défendre la morale publique et mettant en garde contre la « occidentalisation et la décadence », tandis que d’autres soulèvent des interrogations légitimes : ces formes artistiques sont-elles vraiment adaptées à un cadre éducatif ? Quel est le véritable objectif de leur introduction ? S’agit-il d’une intégration culturelle des jeunes, ou simplement d’une tentative de copier des modèles occidentaux sans tenir compte des spécificités de la société marocaine ?

Deuxième question : sommes-nous face à un conflit générationnel ou à une crise de confiance envers l’État ?
La division sociale autour de cette initiative ne peut être lue uniquement sous l’angle religieux ou moral, elle reflète aussi un déficit de confiance entre les institutions et la société, ramenant au premier plan une question centrale : qui décide du contenu de l’éducation artistique ? L’État ? Les familles ? Ou les acteurs culturels ?

Troisième question : quelle place pour l’école dans l’éducation culturelle ?
Il est à noter que depuis des décennies, l’école marocaine est prisonnière d’un système éducatif qui noie les élèves dans la mémorisation et la récitation, marginalisant les arts, le théâtre, le sport et la créativité. Cette nouvelle orientation constitue-t-elle une entrée pour réparer l’injustice faite aux arts délaissés ? Ou s’agit-il simplement d’une décision arbitraire prise sans consultation publique ni études pédagogiques approfondies ?

Quatrième question : quelles alternatives sont proposées ?
Les opposants à l’initiative n’ont généralement pas offert d’alternatives claires, se limitant à condamner le « contenu occidental ». En revanche, des spécialistes en sociologie culturelle proposent une approche participative dans l’élaboration des contenus de la vie scolaire, respectant l’identité nationale tout en ouvrant la voie à l’expression artistique et à la diversité culturelle, dans un cadre de valeurs équilibrées.

Synthèse analytique :
Le débat autour du breakdance dans les écoles ne peut être réduit à un affrontement entre morale et occident, ou entre conservateurs et progressistes. Il est le reflet d’une profonde crise de valeurs et d’éducation que traverse la société marocaine. Ce qui est demandé aujourd’hui, ce n’est pas seulement la clarification des motivations de la décision, mais l’ouverture d’un débat public audacieux sur la fonction de l’éducation artistique à l’école, et sur le projet sociétal que nous souhaitons pour nos enfants.

Questions ouvertes :

  • Peut-on repenser l’éducation artistique comme un pont pour construire des valeurs de citoyenneté et de vivre-ensemble ?

  • Comment concilier ouverture culturelle et préservation des références nationales ?

Répondre à ces questions pourrait être une entrée pour dépasser la controverse… vers un projet éducatif inclusif.

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